vous sont icy presentez.

Nourriture du Roy.

NOVS auons le Roy vostre Fils fort ieune, qui est nostre
legitime Seigneur, non donné fortuitement,
mais ordonnné, voire preordonné de Dieu, par continuelle
suitte, descente, & generation des Roys, nourry, & esleué
parmy nous. Le premier soin que vous deuez auoir de luy,
regarde sa nourriture & esleuation aux bonnes mœurs. Car
selon la teinture bonne qu’il prendra en cette tendre ieunesse,
elle se defendra iusques à la fin : Si mauuaise, elle
ne pourra endurer l’espreuue, ains s’alterera aisement de
bonté à l’air & à l’eau.

Vous le ferez nourrir en la crainte de Dieu, d’vne main
non partiale, que l’on luy imprimera viuement en l’ame,
afin que ce luy soit vne bride pour le retenir dans le train
ordinaire de la raison. Employons tant qu’il nous plaira de
sagesses humaines en nos opinions, elles ne sont que folies,
voire precipices de nos grandeurs, si l’honneur de Dieu ne
nous sert de guide. Et c’est pourquoy, il faut que ce sainct
object luy soit vne leçon dont l’on le repaistra iournellement
en ce bas aage, autrement tous vos desseins en la conduite
& direction de sa vie seront bastis sur du sable.

Cette crainte de Dieu estant dedans luy engrauée, on
luy doit tout d’vne suitte enseigner que l’vn des premiers
mouuements d’vn grand Roy, gist en l’obseruation de la
iustice, de laquelle il est debiteur enuers ses sujets, fondement
asseuré de son Estat. Ce qu’il faut luy faire toucher au
doit & à l’œil par les exemples de l’heureux succez qui a
accompagné ceux qui regnants iustement ont maintenu
leurs sujets en toute obeyssance. Ou au contraire, comme
Dieu ne permet aisement, que celuy qui tient vne autre
forme de viure, transmette en sa posterité sa couronne.

Monstrez luy que cette iustice doit estre par luy distribuée
d’vne égalle proportion (i’entens selon leurs merites)