de dissuader Vostre Altesse d’effectuer vn dessein
qui ne luy peut auoir esté inspiré, que par ceux qui
desirent sa ruyne & la nostre ; On publie par tout,
que Mr le Prince nous veut faire la guerre, qu’ayant
trouué des obstacles à son ambition, il se veut armer
pour les rompre, & se rendre absolu dans la France
par les mesmes voyes qu’il s’est rendu redoutable à
toute l’Europe ; Que cette ardeur qu’il monstroit cy-deuant
à poursuiure & destruire les restes de la faction
Mazarine, estoit bien moins vn effet de son affection
au bien public, qu’vn desir de vanger ses propres injures ;
que n’ayant pû composer le Conseil du Roy des
Ministres de sa passion, il le dispose d’effectuer à force
ouuerte, ce qu’il n’a pû faire par ses brigues, & enfin
qu’il veut armer toute la France pour sa cause particuliere.
L’affection que nous vous auons toujours
portée, MONSEIGNEVR, nous a d’abord rendus
assez ingenieux pour imputer ces bruits à la malice,
& à la calomnie de vos ennemis, & nous croirions encor
qu’il les auroient semez à dessein de vous rendre
l’objet de la haine des peuples, si nous n’estions trop
mal-heureusement persuadez de vos mauuaises intentions,
par vostre retraitte, & par les troupes que vous
auez sous vostre nom ; qui, ainsi qu’on nous asseure,
n’attendent que vos ordres, pour nous faire sentir les
funestes effets de nos apprehensions. Ah, MONSEIGNEVR,
ce ne sont point-là des sentiments d’vne ame
genereuse, comme la vostre, ny les fruicts de cette
esperance, que le retour de vostre injuste captiuité fist
conceuoir à tout le monde.