Anonyme [1649], REMERCIMENT AV ROY, PAR MESSIERS LES ADVOCATS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3286. Cote locale : C_9_35.
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la raison & iugement naturel plus fort que les autres,
cela est bon ; mais pourtant ils ne peuuent iamais faire,
ce que les Aduocats, qui ont la nature & l’Art ensemble,
feront. C’est pourquoy Democrite disoit, que
ceux qui viuoient des fruicts qui naissent d’eux-mesmes,
c’est à dire, de viandes vulgaires, non delicates &
recherchees, ne pouuoient estre capables de la contemplation
des choses hautes.

 

Il est impossible (ce que quelqu’vn pouroit dire icy)
que les Aduocats empeschent les fautes que ces gens
commettent, pour ce qu’ils n’y sont appellez, & qu’on
ne les va voir que sur le tard à l’extremité, lors qu’il faut
plaider, r’habiller ce qui est gasté, & que la bourse du
Client est à flac. Et d’ailleurs estans maistres des parties
& des causes, tenans les pieces & tiltres en ostage,
le chois des Aduocats depend d’eux par consequent.
Cela faict que la conscience n’est pas libre, estant l’esprit
distraict en deux considerations contraires ; à chercher
la verité, & charlataner le Procureur. Ainsi la volonté
principe d’agir naturellemẽt est aucunemẽt forcee,
par la iuste crainte que l’on a de n’estre pas employé,
& de manquer de gangner sa vie. On dict, qu’anciennement
les Celtes donnoient, à la charge que le
Donataire se lairroit couper la gorge. Ceux-cy donnent
de la practique, à condition qu’on se chargera de
toutes causes au peril de l’ame, trop plus precieuse que
le corps. Ie veux bien que ceste condition n’est pas expresse,
mais elle se garde rigoureusement pourtant : car

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Anonyme [1649], REMERCIMENT AV ROY, PAR MESSIERS LES ADVOCATS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3286. Cote locale : C_9_35.