Ceux qui ont voyagé en Turquie & ailleurs, admirent
la Iustice, la police, & la conduite des Princes
estrangers à l’égard de l’Estat de France. En Turquie
on peut porter sa bource en plein minuit sans peril
de la perdre, non seulement dans les villes, mais en
pleine campagne, à cause du iuste chastiment & recherche
qu’on fait des meschants. Y a il rien en Frãce
qui approche ce loüable soin d’vn Prince infidele
qui encore que tel, il contraint plus les Chrestiens
à viure selon leur profession, (la quelle leur est libre)
que les Princes Chrestiens ne font sur leurs terres, où
mesme on renie Dieu plus souuent par des horribles
blasphemes, qu’on ne fait par toutes les Prouinces
Infideles. Faut-il s’émerueiller si on loüe les
Princes qui font la Iustice, & si on deplore le triste
& fascheux gouuernement des Princes. Chrestiens ?
Que s’ensuit-il si non, que les peuples se donneroient
facilement à celuy qui les maintiendroit en Iustice &
tranquillité.

Suiuant tant de déreglement, que n’auroit point
fait faire le deffunct Cardinal, ou pour le moins que
n’auroit-il peu faire s’il auoit peu adiouster à ses ans ?
Il n’y a loy qu’on ne viole pour regner, & pour faire
regner les siens. Il portoit la Couronne en ses mains
pour la mettre sur la teste, qu’il auroit voulu. Qui
encore qu’il fut François, a fait penser par la succession
d’vn autre Cardinal, qu’il auoit bien de plus hauts
desseins qu’on ne pense.

S’il n’est point expedient pour le Roy qu’vn autre
Prince s’acquierre trop de faueur & d’affection des