biens sont au Roy, disent les barbares Partisans &
dénaturez François.

Mais, ô Dieu ! si le Prince n’a autre moyens ny facultez
que celles du peuple, & que celles du peuple
soient entieremẽt perduës & dissipées comme elles
sont ; que peut il faire ny deuenir ? Machiauel monstre
d’enfer, qui as persuadé aux Princes d’appauurir
leurs peuples, puis qu’en ce faisant, & les Princes &
les peuples sont rendus miserables ! Ce n’est point ce
que tu deuois ; mais qu’il ne faloit espuiser la bourses
des peuples pour remplir celles de ceux qui desia
puissans de naissance, & de hautes seigneuries, offices
& gouuernemens, peuuent facilement, sinon
se mettre la Courõne sur la teste, pour le moins fort
esbranler l’Estat. Tout le monde court à l’argent, &
tout luy obeyt, dit l’Ecclesiaste au chap. 10. V. 19. Les
nerfs sont le principe du mouuement & de la force,
si les nerfs sont blessez il n’y a plus de mouuement ;
or l’argent est le nerf de l’Estat, il le faut donc mesnager.

C’est chose estrange que les bons desseins de nos
Rois n’ont iamais esté interrompus & rendus inutils
que par le mauuais mesnage de leurs Finãce, & qu’il
leur a tousiours esté caché ou deguisé : à quoy neantmoins
il est tellement necessaire de remedier, que
sans cela il se faut resoudre à ne rien auancer par
armes, & au hazard de tout perdre : les Soldats se débandent
ou meurent, d’autant qu’ils ne sont payez :
ainsi l’Armée demeure inutile : où ils pillent & rauagẽt
par tout à la ruine totale des peuples & suiets du