qu’il les prioit de mesnager tellement leur conduite,
qu’il ne leur pûst iamais estre reproché, d’auoir
fait aucun attentat à cette authorité qui leur deuoit
toûjours estre en veneration. Voila en peu de traits
le veritable tableau de ses intentions.

Quant à ses actions pour l’interest de ce party, elles
ont esté publiques. Se trouueroit-il bien quelqu’vn
assez hardy pour nier qu’il ayt esté le premier de sa
condition à se declarer pour la cause commune ? Voudroit-on
luy oster la gloire d’auoir cedé l’employ de
Generalissime, qui luy auoit esté donné sans partage,
à Monsieur le Prince de Conty, & de l’auoir fait de si
bonne grace, que ce Prince vrayment du Sang royal,
qui soustient ce grand employ auec toute la dignité
& le courage qu’on sçauroit souhaiter en vne personne
de son rang, ne se peut lasser de tesmoigner à tous
ses amis la satisfaction qui luy en reste, & qu’il s’en
est formé vne estime si mutuelle entre ces deux Princes,
que l’on ne sçauroit dire lequel ayme le plus, ou
respecte dauantage ?

Y a-t’il quelqu’vn qui doute que pour soustenir ce
iuste party, Monsieur le Duc d’Elbeuf n’ayt creu que
ce n’estoit pas assez d’exposer sa vie, s’il n’y engageoit
celle de Messieurs ses Enfans ? & que pour cet effet il
n’ayt retiré du seruice du party contraire, Monsieur
le Comte de Lislebonne son fils, que son merite &
son sang tant de fois épandu contre l’Estranger,
auoient rendu si considerable à la Cour, qu’il en
deuoit attendre les premiers emplois ? Ignore-t’on
qu’il n’ayt ietté dans tous les hasards qui se rencontrent
en trente lieües de chemin bordé & couuert