Anonyme [1649], RELATION GENERALE ET VERITABLE DE TOVT CE QVI C’EST fait au Procez du Roy de la Grand’Bretagne. SON ARREST, ET LA MANIERE de son Execution. Auec la Harangue faite par Sadite Majesté sur l’Eschaffaut. TRADVIT D’ANGLOIS EN FRANCOIS, par I. Ango Interprete de ladite langue, sur l’imprimé à Londres, par François Coles. , français, latinRéférence RIM : M0_3174. Cote locale : A_8_70.
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ie soustiens plus leur liberté que vous. Car si la force sans Loy peut
faire les Loix & changer les Loix fondamentales du Royaume, ie
ne sçai quel sujet en Angleterre peut estre asseuré de sa vie, ni de ce
qui luy peut appartenir : c’est pourquoi quand ie vins icy, ie m’attẽdois
que vous me donneriés quelques raisons particulieres par lesquelles
ie conneusse quelle Loy & quelle puissance vous auiez de
proceder contre moy ; & partant ie suis vn peu empesché à vous répondre
sur ce sujet : parce que l’affirmatiue est la preuue, & que la
negatiue est souuent difficile : mais puis que ie ne puis vous persuader
de la faire, ie vous déduiray mes raisons le plus briefuement
qu’il me sera possible.

 

Les raisons pour lesquelles, selon ma conscience, ce que ie dois
premierement à Dieu & puis à mon peuple, pour la preseruatiõ de
leurs vies, biens & libertez, ie ne puis conceuoir ni vous faire aucune
responce, iusqu’à ce que i’aye compris la Iustice du procedé.

Tous procedez qui se font cõtre quelques personnes que ce soit.

Le Roy
est interrompu.

Le Pres. Sire, il faut que ie vous interrõpe, ce que ie ne ferois pas,
si ce n’estoit que ce que vous faites contreuient aux regles de cette
Chambre de Iustice. Vous commencez à argumenter & disputer
de ce qui concerne l’authorité de cette Chambre, deuant laquelle
vous vous presentez comme prisonnier, & estes chargé comme vn
grand malfaicteur. Si vous entreprenez de disputer l’authorité de
cette Chambre, nous ne le pouuons pas souffrir, & il n’y a point de
Cour qui le permette, il vous faut soûmettre à elle, vous deuez répondre
directement & à propos, si vous entendez répondre aux
charges ou non.

Le Roy. Monsieur, auec vostre permission, ie ne sçay pas
les formes de proceder, ie sçay les Loix & la raison, quoy que ie
ne fasse pas profession d’Aduocat : mais ie sçay les Loix aussi bien
qu’aucun Gentil-homme qui soit en Angleterre : c’est pourquoy,
permettez-moy de vous dire que ie plaide pour la liberté de la
Nation Angloise plus que vous, & partant si ie voulois faire croire
quelque chose à quelqu’vn sans en donner raison, cela ne seroit pas
raisonnable, mais il faut que ie vous die que ie ne puis me soûmettre
au raisonnement que l’on m’a fait.

Le Pres. Il est vray que vous parlez des Loix & de la raison, il est
necessaire qu’il y ait l’vn & l’autre, & tous deux sont contre vous.
Sire, les Decrets des Communes d’Angleterre assemblées en ce
Parlement, c’est la raison du Royaume, & ce sont eux qui ont donné
cette Loy, selon laquelle vous deuiez gouuerner & regner. Sire,

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Anonyme [1649], RELATION GENERALE ET VERITABLE DE TOVT CE QVI C’EST fait au Procez du Roy de la Grand’Bretagne. SON ARREST, ET LA MANIERE de son Execution. Auec la Harangue faite par Sadite Majesté sur l’Eschaffaut. TRADVIT D’ANGLOIS EN FRANCOIS, par I. Ango Interprete de ladite langue, sur l’imprimé à Londres, par François Coles. , français, latinRéférence RIM : M0_3174. Cote locale : A_8_70.