Anonyme [1649], QVESTION, SI LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV ? , français, latinRéférence RIM : M0_2951. Cote locale : C_6_76.
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pour la paix, ne fust-il pas venu à bout de sa resistance ? s’ils
eussent veu quelque conjoncture fauorable pour acheuer vn
ouurage dont il leur deuoit reuenir tant de gloire, & dont pas
vn d’eux ne pouuoit trouuer de profit de reculer l’accomplissement.

 

Il n’est que trop vray que c’est à nous qu’il tient que la paix
n’est point faite ; mais ce n’est pas dans le sens que le prennent
ceux qui l’escriuent. Ce sont les desordres de Paris plustost
que les ordres de la Cour qui l’ont empeschée : & plus nous
nous tourmentons de ce qu’elle n’est point faite, plus nous
nous mettons hors d’estat de la pouuoir faire. Il y a dix ans
que les Espagnols attendent ce qui est arriué en nos iours. Et
les croyons-nous si despourueus de iugement pour y vouloir
entendre, tant qu’ils verront qu’ils ont autant de partisans
dans Paris que le Roy mesme, & cependant qu’on leur mande
de tous costez que la paix ne sçauroit durer au dedans, & que
l’on n’a pas moyen de faire la guerre au dehors.

Cela vient, dit-on, de ce que le Roy n’est point à Paris. Et
pourquoy Paris ne se met-il en estat de le receuoir ? Est-ce au
Roy à faire les aduances auec le peuple, ou au peuple à se rendre
digne de la veüe de son Roy ? Et y a-t’il quelqu’vn de ceux
mesme qui crient le plus, qui voulust luy conseiller de reuenir
dans sa ville capitale, pendant qu’on y crie aussi hautement
des libelles tendans à exciter sedition, qu’on y crioit autrefois
les relations de nos victoires, & qu’on y tient des discours, &
qu’on y fait des choses aussi prejudiciables à son authorité,
que lors qu’il a esté obligé d’en sortir ? Nous crions vengeance
contre les abominations que commettent les Allemans : Et
nous auons bien l’impudence d’en accuser ceux qui leur enuoyent
tous les iours tout l’argent qu’ils peuuent pour les faire
esloigner ; cependant qu’il part tous les iours des courriers
de Paris pour les empescher d’aller dans le pays ennemy, &
pour les exciter de mettre tout à feu & à sang. C’est ce que
veulent dire ces trouppes insolentes lors qu’elles se vantent
d’estre auoüées de ce qu’elles font ; & cela est assez public
parmy elles, sans qu’il soit besoin de l’expliquer dauantage.
Nous murmurons de ce que cette armée n’est point payée,
non plus que les autres : Et à qui tient-il que le Roy ne reçoiue

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