mauuais gouuernemens comme est celuy du Mazarin, que vous deffendez aujourd’huy
auec tant de chaleur.

Prenez garde, MONSEIGNEVR, qu’en ne distinguant point auec nous le Roy de
ses Ministres, vous ne luy fassiez iniure, & que cette confusion & ce meslange ne soit
plus criminelle que la distinction que vous reprouuez.

Mais prenez garde que dans quelque temps, lors que le Roy sera capable de faire ce
discernement, & de connoistre les iustes plaintes de ses peuples il ne tourne sa colere
contre vous mesme.

Les Rois n’ayment que leurs Estats, ils abandonnent bien tost ceux qui ont mis le desordre
& la confusion par tout pour leur grandeur & leur seureté particuliere, ils sçauent
bien que les Peuples ne murmurent iamais qu’apres beaucoup de persecutions &
de souffrances, & ils ne croyent point faire de plus grande iustice que d’en sacrifier les
autheurs & tous ceux qui les protegent.

Mais nous voyons bien encores vn coup, MONSEIGNEVR, que vous ne pouuez
oublier vostre bien faicteur, vous croyez n’auoir point de Maistre que le Mazarin ;
c’est de sa faueur seule que vous tenez vostre dignité Episcopale, c’est vne recompense
des negociations auantageuses que vous auez faites pour luy à Rome ; Vous auez aussi
tousiours executé ses commandemens dans le Royaume. Plust à Dieu que ceux de l’Euangile
vous eussent esté en aussi grande veneration, mais à nostre grãd regret de vostre
vie vous n’en auez obserué qu’vn, qui est celuy d’auoir abandonné tout vostre troupeau
pour suiure des brebis esgarées, nous voulons dire des Maltotiers, des fourbes, des concussionnaires,
des Simoniaques & des faussaires, Dieu veuille que vostre peine reüssisse,
& qu’ils retournent au troupeau, resolus de suiure d’oresnauant les sentiers de la Iustice
& de la verité qui conduisent au bien public, ces moyens seront bien plus efficaces
à reünir les esprits que vostre lettre Pastorale. ce sont les vœux de

Vos plus humbles & fidelles seruiteurs,
les habitans de la ville d’Angers.