Anonyme [1652], PROCEZ DES VERITABLES HABITANS DE LA VILLE D’ANGERS CONTRE L’EVESQVE, AVEC LES PIECES IVSTIFICATIUES de leur differend. LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE D’ANGERS. AVEC LA RESPONSE DES Habitans d’Angers à ladite Lettre Pastorale de mondit Seigneur l’Euesque. ET LA PLAINTE DE LA RESPONSE A LA Lettre Pastorale de l’Euesque d’Angers, bruslée par les Mazarins de la ville d’Angers. Aux Habitans de ladite Ville , françaisRéférence RIM : M0_2886. Cote locale : C_12_48.
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du Cardinal Mazarin à Angers, estant tres-asseuré que ces affaires ne luy permettoient
point d’y venir, & que la resolution du Conseil, plus iudicieux en ce rencontre que vos
conseils interessez, estoit d’aller à Cognac pour pousser Monsieur le Prince à bout,
ce qui estoit infaillible ; mais c’estoit vne affaire d’Estat de faire plier les Loricars qui
estoient connus par nom & par surnom à la Cour, sous le joug des Magistrats ; C’est
ainsi que par vn mespris insuportable vous appellez ceux qui ne se soumettent pas absolument
à la tyrannie de leur administration.

 

Considerez de plus, MONSEIGNEVR, que Dieu vous auoit offert vne occasion
auantageuse de faire esclatter l’humilité dont vous faites tant de monstre. Lors que
Monsieur de Rohan vous empescha le passage des ponts de Cé il falloit imiter vostre
Maistre, qui apres auoir souffert mille iniures dans Hierusalem, ne laissa pas d’y retourner
& mourir pour l’expiation des crimes que ses ennemis auoient commis en sa personne ;
bien loin d’auoir pratiqué cette vertu Chrestienne, digne d’vn Prelat, d’vn
Predicateur & successeur des Apostres, vous n’auez pû estre flechi par les soumissions
de Monsieur de Rohan, par les vœux des Habitans, & les prieres de vostre Clergé, &
auez protesté hautement que vous ne rentreriez iamais que par l’authorité Royale, c’est
à dire, à la teste des troupes, par le feu, le fer & le carnage ? & cherchez-vous apres
ce dereglement la cause de nos malheurs, en pouuez vous rejetter la haine sur autre que
sur vous, n’auez vous pas esté le flambeau qui a allumé la colere du Conseil, qui l’aueugla
tellement, qu’oubliant ses premieres resolutions auantageuses il forma sur les
asseurances que vous & les vostres luy donnastes ce pernicieux dessein de nous attaquer
& de nous perdre, afin de vous restablir. Ce qui vous auroit sans doute reüssi, si
Monsieur de Rohan & nous n’eussions opposé vne genereuse resistance à vne si funeste
entreprise ? n’auez vous pas entretenu les diuisions dans la Ville par vos intelligences,
qui nous ont esté connuës par le dechiffrement de vos lettres.

N’auez-vous pas voulu faire liurer deux de nos portes, afin que la Ville prise par
cette trahison fust saccagee & abandonnée au pillage, ce sont les termes des lettres de
vos adherans.

Quoy, MONSEIGNEVR, vostre saincteté a pû enuisager le carnage, le violement
mesme des personnes consacrées, la profanation des Temples, la fureur des soldats,
& tous les effets de la rage militaire, sans se laisser toucher à compassion.

Falloit-il pour reparer l’injure pretendue de l’Euesque d’Angers, de ce Prelat digne
des siecles passez, que la capitale de son Diocese fust exposée à souffrir tout ce qui se cõmet
dans les villes surprises & emportées d’assaut ? Ha que ces sentimens sont differens
de ceux de vostre lettre Pastorale, & qu’à iuste titre l’on peur vous reprocher que vous
estes reuestu d’vne saincteté feinte, & d’vne hypocrisie sans exemple.

Laissons, laissons, MONSEIGNEVR, l’Histoire de nostre siege, esloignons vn peu les
portraits funestes que vous auez tracez, & enuisageons la beauté de la paix que sa Majesté
nous auoit donnée pour soulager les maux que vous nous auiez attirez auec tant
de passions. Vous pensez auoir triomphé genereusement de vos ennemis, & auoir oublié
les injures que vous pretendiez auoir receuës, lors que vous auez fait mettre hors
des prisons Theart, Escheuin, & du Pin Notaire ; mais nous ne croyons pas qu’ils
vous ayent aucune obligation de leur liberté, vous les auiez fait emprisonner, vous
auez guery vne playe que vous mesme auiez faite, afin de vous establir dans la reputation
d’vn homme de bien, & despoüillé de tout ressentiment, comme si la vertu n’auoit
point d’autre fondement que le vice.

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Anonyme [1652], PROCEZ DES VERITABLES HABITANS DE LA VILLE D’ANGERS CONTRE L’EVESQVE, AVEC LES PIECES IVSTIFICATIUES de leur differend. LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE D’ANGERS. AVEC LA RESPONSE DES Habitans d’Angers à ladite Lettre Pastorale de mondit Seigneur l’Euesque. ET LA PLAINTE DE LA RESPONSE A LA Lettre Pastorale de l’Euesque d’Angers, bruslée par les Mazarins de la ville d’Angers. Aux Habitans de ladite Ville , françaisRéférence RIM : M0_2886. Cote locale : C_12_48.