Anonyme [1652], PROCEZ DES VERITABLES HABITANS DE LA VILLE D’ANGERS CONTRE L’EVESQVE, AVEC LES PIECES IVSTIFICATIUES de leur differend. LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE D’ANGERS. AVEC LA RESPONSE DES Habitans d’Angers à ladite Lettre Pastorale de mondit Seigneur l’Euesque. ET LA PLAINTE DE LA RESPONSE A LA Lettre Pastorale de l’Euesque d’Angers, bruslée par les Mazarins de la ville d’Angers. Aux Habitans de ladite Ville , françaisRéférence RIM : M0_2886. Cote locale : C_12_48.
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choisis pour r’assembler ceux qui sont dispersez, & reünir ceux qui sont diuisez) qu’apres
luy auoir lié & vny les ames, ils les lient & les vnissent au Roy, & essayent de leur faire
comprendre que comme, selon les regles de la foy, ils ne peuuent se separer de l’obeissance
qu’ils doiuent à Dieu, sans tomber dans la damnation eternelle ; ils ne peuuent aussi,
selon l’Apostre, manquer à l’obeissance & au respect qu’ils doiuent au Roy, sans encourir
la mesme peine ; que l’Eglise en peut les reconnoistre pour ses enfans, pendant qu’ils
n’obeissent pas à celuy que Dieu leur a donné comme sa viue image pour les gouuerner
& pour leur commander, & que ce sont les veritables maximes de l’Euangile, contre lesquelles
on ne peut alleguer que de faux raisonnemens, des equiuoques artificieux, & des
distinctions criminelles, puis que sans s’arrester à tant de subtilitez dont on se sert pour
empoisonner l’esprit des peuples, il faut s’attacher inseparablement à sa personne du
Roy, qui est tousiours accompagné des marques de l’authorité Royale, & croire qu’vn
party, dans lequel on ne la trouue point, ne peut passer que pour vne faction funeste à
l’Estat, & qui doit estre en horreur à tous les bons François. Mais comme nous ne pouuons
esperer que ces veritez si importantes trouuent en vous toute la croyance qui est
necessaire, & produisent ensuite les effets qu’on en doit attendre, si nous ne sommes tous
vnis auparauant, c’est à quoy il nous faut principalement trauailler ; & nous ne le pouuons
certainement mieux faire qu’en ce temps, où les esprits, par l’examen de la conscience,
par la penitence que chacun doit faire de ses pechez, & principalement par la
veuë que tous les fidelles auront de Iesus Christ mourant sur la Croix pour reünir les
Iuifs & les Gentils, & les reconcilier à Dieu dans cette reunion, seront sans doute plus
disposez à quitter ces interests imaginaires qui les diuisent ; pour embrasser serieusement
ceux qui sont necessaires pour leur salut, & rentrer dans l’amour du prochain, sans lequel
ils ne doiuent iamais pretendre à l’amour de Dieu, puis que c’est le mesme qui
nous vnit à Dieu & au prochain, & que nous ne serons vnis à l’vn, qu’autant que nous
le serons à l’autre. Il n’y a personne entre les fidelles qui, pour satisfaire au precepte de
l’Eglise, n’approche de l’Autel dans ces iours de nostre redemption, pour receuoir le tres-sainct
Sacrement du corps & du sang de Nostre Seigneur Iesus Christ, & pour presenter
à Dieu cette oblation qui luy est offerte, comme parle l’Escriture, depuis le leuant iusques
au couchant, c’est à dire, dans tout le monde ; laquelle sur passe tout ce qui peut estre
offert a Dieu, & nous rend digne de rentrer en sa grace & dans le nombre de ses enfans.
Mais cette offrande ne peut estre agreable, si elle n’est accompagnée de l’vnion auec le
prochain, sans laquelle nul ne la peut iamais presenter dignement ; Nostre Seigneur
nous ayant marqué luy-mesme en termes expres la loy des oblations dans l’Euangils, où
il dit : Si tu offres ton present à l’autel, & qu’à cét instant il te souuienne que ton frere a quelque
chose contre toy, laisse-là ton present, & va premierement te reconcilier auec ton frere, & apres
cette reconciliation, tu reuiendras offrir ton present à Dieu. Pouuoit-il nous faute connoistre
plus clairement qu’il estime beaucoup plus nostre cœur que tous nos presens ? Et puis
que Dieu ne veut point receuoir l’offrande de son Fils de la main de celuy que la desvnion
auec le prochain rend desagreable à son Fils, nous vous conjurons au nom de ce
mesme Fils qu’il ne reste plus d’aigreur dans vos cœurs ; que toutes les partialitez soient
esteintes ; que ces noms diuers, qui ont seruy de matiere pour exciter les diuisions soient
oubliez ; que les Ecclesiastiques ayent vn cœur égal pour tous les fidelles ; que les periounes
les plus esleuées ne mesprisent point le peuple, qu’ils embrassent leurs interests selon
les regles de la charité ; que le peuple respecte les Magistrats comme eux ausquels
Dieu & le Roy ont commis cette noble partie de leur pouuoir, en leur donnant la dispensation
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Anonyme [1652], PROCEZ DES VERITABLES HABITANS DE LA VILLE D’ANGERS CONTRE L’EVESQVE, AVEC LES PIECES IVSTIFICATIUES de leur differend. LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE D’ANGERS. AVEC LA RESPONSE DES Habitans d’Angers à ladite Lettre Pastorale de mondit Seigneur l’Euesque. ET LA PLAINTE DE LA RESPONSE A LA Lettre Pastorale de l’Euesque d’Angers, bruslée par les Mazarins de la ville d’Angers. Aux Habitans de ladite Ville , françaisRéférence RIM : M0_2886. Cote locale : C_12_48.