Anonyme [1649 [?]], PIECE D’ESTAT OV LES SENTIMENS DES SAGES. , françaisRéférence RIM : M0_2758. Cote locale : A_6_82.
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Enfin tu cognois si nos Sages ont eu sujet de
condamner ta passion ; Mon cher Polydas, ne manque
pas de defferer à leurs sentimens, ils t’ont vaincu
par la raison & par l’exemple, ne souhaitte plus
de diuisions dedans ta Patrie, puis que tu n’en desire
pas la destruction : les Espagnols n’ont que ce
seul moyen pour nous abbattre, Philippes de Macedoine,
dont ils sont les imitateurs, n’en eut point
d’autre pour establir sa Tyrannie dedans la Grece,
s’il n’eust fauorisé les Grecs les vns contre les autres,
il ne les eust pas engloutis, ne soyons point comme
eux les Artisans de nostre esclauage, & ne suiuons
pas la maxime des foibles & des foux, qui est d’esperer
d’estre plus heureux que les autres dedans nos
malheurs.

Iust.
l. 8.

Ie croy qu’il te suffit, cher Polydas, pour te faire
cognoistre quels prodiges ce sont dans les Estats,
que les discordes & les diuisions. Ores il y en a
d’autres encore de plus pernicieux ; Oüy, les peres
qui les produisent sont encore plus funestes, parce
qu’estans leur cause & leur principe, ils sont par
consequent celuy de tous les malheurs qui accablent
le monde : Ces monstres si ruineux sont les
Libelles, que le plus Sage de nos Polytiques a nommé,
les Pestes les plus dangereuses aux repos des
Estats. Cette proposition se prouue d’elle-mesme ;
parce que nous auons dit auparauant, supposé que
les Libelles engendrent la diuision. Que cette supposition
soit veritable, tu me l’aduouë toy-mesme,

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