Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : A_6_39.
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& le Peuple se sont plains de Monsieur le Cardinal Mazarin :
qui ne void qu’ils ont ressemblé à ces enfans respectueux,
que pour ne point offenser leurs peres dans leurs plaintes, ont coustume
d’imputer les mauuais traittemens qu’ils reçoiuent à la malice
ou à la flaterie des domestiques ? Mais apres tout, ie ne croy
pas que ce soit obliger Monsieur le Cardinal, que de souhaiter son
retour dans le maniment des affaires. Vaut il pas beaucoup mieux
pour son repos, qu’il se retire dans quelque port asseuré à l’abry
de la tempeste, que de demeurer dans vn vaisseau où il n’est pas approuue
de tout le monde, & d’estre tousiours exposé à la fureur
des vagues, & à l’inconstance des vents ? Il y a des exemples de
ces retraites dans toutes les Nations. Ainsi en ont vsé Aristide
dans la Grece, Ciceron dans l’Italie, & Robert dans la France.
Certes quand la cause de Monsieur le Cardinal seroit la plus iuste
du monde, toutesfois si depuis qu’il s’est nourry parmy nous, il
s’est formé dans luy quelque goutte de sang François, il aymera
mieux imiter ces personnes Illustres, que de voir reduire en cendre
vn Rõyaume où il a receu tant de glorieux auantages. Or,
MADAME, ie ne doute point que vostre Maiesté ne voye maintenant
l’iniustice & le danger de la Guerre qu’on luy a fait exciter
contre Paris ? Que reste-il donc, sinon qu’elle se reconcilie de bõne
heure auec ses Suiets, & qu’elle arreste le feu dont la France est
en danger d’estre embrasée ? Et certes, que seroit-ce, si au lieu de
rendre à vostre Fils son Royaume en vn estat glorieux, vous souffriez
qu’on y fist vne desolation vniuerselle ? Il y a quelque temps
qu’on arreste les fonctions de vostre bonté par de mauuaises impressions,
mais ie m’asseure que vous reuiendrez bien-tost à vos
inelinations naturelles, & vous nous rendrez encore vn coup l’amour
& les delices du Peuple ; & de fait, qu’elle ioye auez vous
receuë depuis que vous estes dans l’embaras où l’on vous a iettée,
au prix de celle qui vous a rauy tant de fois, quand ce Peuple vous
combloit à tous momens de benedictions & de loüanges ? Mais
d’ailleurs, ie vous coniure de ietrer les yeux sur la Chrestienté,
& de regarder la gloire qui vous y attend de toutes parts. Car que
peut il arriuer de plus glorieux à vne Souueraine, que d’adiouster
à la qualité de Reyne que vous possedez, les tiltres illustres de Pacificatrice
de l’Europe, d’appuy des Souuerains offensez, & de
Protectrice de l’Eglise ? Mais quand vous aurez appaisé les troubles
qui commencent de naistre en ce Royaume, qui vous empeschera
de meriter ces Noms Illustres, en concluant la Paix que les
Estrangers vous offrent, & vengeant contre les Turcs ou contre
les Anglois la Saincteté de nostre Religion, où la Maiesté de la
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Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : A_6_39.