qu’vne vanité extraordinaire pour son principe. A vray
dire, ne sont-ce pas là des imaginations inouyes à tous
ceux qui n’ont point esté tesmoins oculaires d’vne sufsisance
si prodigieuse que la vostre. Mais prenons toutes
les choses aux pis, & venons au point où la mesme extremité
les peut reduire. Lors que la grandeur de vos
charmes vous auront quitée, ne pouuez-vous pas estre
la suiuante de ceux que vous fuyez, & la bien heureuse
en leurs bonnes graces. Il faudroit n’auoir iamais leu les
Histoires, pour ne pas sçauoir ce que peuuent les reuers
d’vne fortune irritée contre ceux qu’elle entreprend, &
qu’elle veut enseuelir sous leurs propres ruines. Ce sera
dés lors qu’il faudra que vous souffriez qu’on qualifie les
fẽmes qui n’auront rien de considerable, du mesme nom
que vous aurez sans vous oser plaindre. Et sçachez qu’il
ne se trouuera pas vne beauté de toutes celles qui ont
obserué vos maximes, qui n’ait fait naufrage dans ses
desseins, & pery dans ses entreprises. A l’âge de vingt ans
elles ont eu plus de seruiteurs que d’amis, & leur siecle
ne s’en est iamais seruy que comme d’vne fable. Elles ont
trouué leur perte dans leur sçauoir, & leur malheur dans
leur conduitte. Personne n’a pris part à vos interests, qui
ne vous ait donné le tort, & qui n’ait pleuré de voir toutes
vos procedures. Et si pour cela vous ne rougissez
pas d’vne chose dont tout le monde s’estonne. Il semble
que la raison soit peu en estat de vous prescrire des loix,
que vous deuriez obseruer de vous mesmes. Oüy, Madame,
il faut que ie cesse de vous representer vos deffauts,
puis que vous cessez d’estre raisonnable. Et quoy que ie
sois d’vn humeur extremement medisant, & que ma plume

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