Anonyme [1650 [?]], LETTRE D’AVIS A MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT. , françaisRéférence RIM : M0_1838. Cote locale : E_1_28.
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agy par l’ordre de la Reine, il est impossible qu’elle
n’entre dans vne juste défiãce, & qu’elle ne treuve tres-mauvais
qu’en méme tẽps que vous avez perdu l’affectiõ
du peuple de Paris, vous ayez pratiqué celle d’vne
Province eloignée & jalouse, & que vous ayés entrepris
de vous rendre redoutable à l’Estat en vnissant les
forces de la Mer que vostre charge vous donne, à celles
d’vne nation belliqueuse entreprenante & hardie. Ils
témoignẽt beaucoup de douleur de ce que vous vous
estes mis en ce danger pour satisfaire à la passion de
quelques vns de ce Parlement, qui n’ont de foy qu’autãt
que leur interest leur en donne, & qui ne sçauroiẽt
tenir que ce que le President Galiffet vous a promis.
Ce petit homme pour estre issu de mesme Nation que
le Roy Dauid, a creu d’auoir la mesme vertu, & qu’avec
vn coup de fronde il pouuoit abattre vn Geant.
On dit que sa seule vanité l’a porté dans ce temeraire
desir de perdre Monsieur le Comte d’Alais, qu’il a mis
toutes pieces en œuvre pour parvenir à ce dessein,
qu’il n’y a point de calõnie & d’impostures qu’il n’ait
auancé, & qu’il n’a pas craint de passer pour le plus iniuste
& le plus ingrat de tous les hõmes, pourveu qu’il
pût auoir cette gloire d’avoir détruy vn Gouverneur
de Province, on dit que cette vaine passion l’ayãt aveuglé,
luy a osté la connoissance du peril où il vous alloit
exposer. Et comme il arriue à ceux qui ont l’imagination
troublée, qu’il a creu que toutes ses pensées
estoient des raisons, & ses songes des veritez, il a creu
qu’il pouvoit liguer les Villes auec la mesme facilité
qu’il en concevoit l’vnion, & il a asseuré qu’en mesme
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Anonyme [1650 [?]], LETTRE D’AVIS A MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT. , françaisRéférence RIM : M0_1838. Cote locale : E_1_28.