il paroissoit à mes yeux tant d’empressement pour
amasser de nouuelles trouppes.

Mais qu’est deuenu ce Prince de Condé, braue par
ses fameuses deffaites de Rocroy, de Lens & tant d’autres ?
Où est ce Comte d’Harcour dont les genereuses
actions ont esclatté si hautement, à la honte des Espagnols
aux Isles, à Cazal, à Thurin, & presque par tout
où il a porté son espée ? Où sont tant d’autres vaillans,
disois-je, car ie n’ay iamais pû consentir à croire
que l’ennemy eust vaincu si entierement, qu’il ne
nous en fust resté aucun ? Pourquoy donc n’en paroist-il
point, n’ont-ils plus le mesme zele & les mesmes
passions pour la deffense de nostre querelle ? Pourroit-il
estre arriué que l’Estranger eust gaigné leurs
inclinations, ie ne voudrois pas les soupçonner d’vne
lâcheté si infame, apres ce qu’ils ont executé pour
cette Couronne ? C’est à vous donc, mon Fils, que ie
demande l’esclaircissement de toutes ces choses : Tirez-moy
de la peine où me met ce que i’entends dire,
que Paris est blocqué & assiegé, que l’on veut l’affamer,
& le reduire en l’estat où il s’est veu par ma valeur,
lors que la iustice de ma cause seconda si heureusement
mes armes, que mes Subjets reconnurent leur
Roy & leur faute dans la ruine du party où ils estoient
embarrassez, par les artifices de ceux qui n’auoient
pour moy & pour la Couronne, que de tres-pernicieuses
intentions. I’aduouë encore maintenant, que
ce fust par vne toute particuliere assistance de Dieu
que i’en vins à bout, & ie suis tres-certain qu’vne pareille
entreprise ne sçauroit plus reüssir qu’à la confusion