Anonyme [1649], LETTRE DE MADAME LA PRINCESSE DOVAIRIERE DE CONDÉ ENVOYÉE AV PRINCE DE CONDÉ son Fils, sur les Armes qu’il a prise injustement contre la France. , françaisRéférence RIM : M0_1952. Cote locale : C_3_17.
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Maiesté sera irritée, la balance de sa Iustice aura panché
du costé de vos fautes, & l’Arrest souuerain de
sa iuste colere aura fulminé contre vous, il n’appartient
qu’à luy de borner le cours de nos prospetitez
sans nous chatouiller l’esprit de pouuoir nous mesme
les conduire selon nostre caprice : Ce sont deux choses
bien differeutes de combattre de l’esprit ou du
bras. Cetuy cy est guidé par la force des nerfs & par
les facultez du corps, mais l’autre n’agit que par vn
Dieu qui se rit de nos projets Raisonnez auant que
d’entreprendre, & suiuez les sentimens du victorieux
Dauid, qui demandoit à Dieu des forces contre ses
ennemis, ne se voulant pas fier en sa valeur particuliere,
ny au nombre de ses braues soldats. Le Seigneur a
mis la puissance de tous les hommes dans la force de
son bras (dit le Cantique) & destruict la vanité des
superbes qui mesprisent ses commandemens : ce sont
des Oracles infaillibles que ie souhaitte de demeurer
eternellement imprimez dans vostre esprit. Quirtez
donc (mon cher Phaëton) ces foudres éclatans qui
peuuent en vn moment reduire en fumée vos desseins
ambitieux ; Calmez les orages de vostre fureur,
& que vos armes si redoutables se portent contre les
ennemis de l’Estat, si vous voulez augmenter vos lauriers
& les conquestes de vostre Roy, que les manes
de vos illusttes ayeuls ne soient point troublez par
des faits inouys, & n’ayent point suiet de vous reprocher
que vous auez mal vsé de la valeur dont ils vous
auoient laissé heritier : Croyez-vous que ces ames
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Anonyme [1649], LETTRE DE MADAME LA PRINCESSE DOVAIRIERE DE CONDÉ ENVOYÉE AV PRINCE DE CONDÉ son Fils, sur les Armes qu’il a prise injustement contre la France. , françaisRéférence RIM : M0_1952. Cote locale : C_3_17.