Anonyme [1652], LES TRAHISONS DESCOVVERTES DE MAZARIN DANS LE CONSEIL de la Reine, pour empescher la Conference de Messieurs les Deputez. , françaisRéférence RIM : M0_3793. Cote locale : B_13_28.
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des Parlemens, & de Messieurs les Princes.

 

A quoy ces Messieurs ont adjousté, qu’outré que de telles
bassesses, peuuent rendre le Souuerain mesprisable de ses suiets,
cela faisoit encore vne telle impression sur l’esprit des Estrangers,
qui voyant la miserable necessité ou le Cardinal reduit le Roy
pour se conseruer, disoient bien souuant dans leur pays, quand
leurs correspondans leurs enuoyoient de telles pieces ; qu’il faloit
necessairement que le Roy ne fust point absolu, puis que sa Majesté
estoit souuent obligée de chercher des pretextes, inuentez
pour persuader ses sujets de luy obeïr, dans le dessein que le Cardinal
auoit de tout risquer pour sa conseruation ; qu’il falloit necessairement
que le Roy n’eust point de Foy, puis qu’il ne tenoit
iamais rien de ce qu’il promettoit ; que dans sa Minorité l’on le
pouuoit en quelque façon excuser : mais que sa Majorité le sousmettoit
à cette necessité de tenir ce qu’il promet à ses sujets, s’il
pretend que ses sujets tiennent ce qu’ils luy ont promis, c’est à
dire l’obeyssance aueugle que l’on doit au Souuerain, qui ne s’esloigne
point des bornes de la Iustice, & de la bonne Foy, qui sont
les vrayes Colomnes qui soustiennent l’Estat : qu’il falloit necessairement
que le Conseil du Roy fust entierement à la deuotion
du Cardinal Mazarin, puis qu’on obligeoit sa Majesté, à se destruire
soy-mesme, pour faire subsister cet Estranger ; qu’il falloit
necessairement que ce Conseil fut, ou tres-pernicieux, ou composé
de personnes tres-ignorantes, puis qu’il ne faisoit point difculté
de se contredire, lors qu’il estoit, ou surpris par les apparences
de bien reüssir pour le Cardinal en agissant de cette maniere,
ou que la necessité de ne sçauoir y remedier autrement, les contraignoit
d’employer l’authorité Royalle à des vsages tout à faict
contraires, & indignes de la Souueraineté. Et qu en fin il falloit
absolumẽt que ce Conseil, fut dans vn aueuglement estrange, ou
dans vne desloyauté detestable, puis qu’il trahissoit visiblement
le Roy, en se seruant de son pouuoir, pour conseruer les plus funestes
artisans de tous les desordres de son Estat, & la source abominable
de tant d’affrons que son authorité reçoit, dans tant de
differentes rencontres pour le seul interest de ce Coquin, & contre
la propre reputation de sa Majesté, qui auoit poteste à la face
de toute l’Europe, par tout ce qu’elle a de plus saint, de ne iamais
rappeller cet infame thresor de malheurs.

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Anonyme [1652], LES TRAHISONS DESCOVVERTES DE MAZARIN DANS LE CONSEIL de la Reine, pour empescher la Conference de Messieurs les Deputez. , françaisRéférence RIM : M0_3793. Cote locale : B_13_28.