en empeschent cette entrée. Mais comme la confusion tombe
tousiours sur le visage du Criminel : Ce Conseil Mazarin
nous declare lui mesme, qu’on ne se soucie point à la Cour,
que les Estrangers rauagent tout, pourueu que ce soit pour
le seruice du Cardinal, puisque nous voyons par cette mesme
Lettre, que le Conseil de la Reine ne veut pas tant qu’on
s’oppose à l’entrée des Estrangers, parce qu’ils sont Estrangers,
& ennemis de l’Estat (comme ils disent) que parce
qu’ils le sont du Cardinal, disant en mesme temps, que le
Roy veut aussi que le Parlement procede contre Monsieur le
Duc de Beaufort, qui n’a que des trouppes Françoises, par
ainsi il eust autant valu qu’il eust dit, que sa Majesté entendoit
qu’on s’opposast à la marche de toutes ces trouppes,
parce qu’elles vouloient destruire l’Autheur de tous les maux
qui nous accablent : Et de cette maniere ils nous eussent persuadé
que le plaisir du Roy est, que ses Sujets soient tousiours
mal-heureux, parce que c’est le contentement de son Eminence.
Car cet infame Conseil n’a point de honte d’appeller
presentement le mal-heur du Cardinal, le mal-heur de
l’Estat ; Et ce, que nous auons tousiours iusques à present appellé
authorité Royalle, n’est à son sens asture autre chose,
que la volonté du Mazarin, & ainsi confondant l’vn auec
l’autre ; De sorte qu’il n’en fait point de distinction, quand il
veut quelque chose pour son salut, il dit, pour le biẽ de l’Estat,
& le repos du pauure peuple, se seruant dans cette belle Lettre
de ce mesme terme,Pauure Peuple,imitant le chasseur qui
voulant chastier son chien d’vne faute qu’il a faite, le caresse
pour le faire venir receuoir les coups qu’il luy prepare, pour
la punition du manquement qu’il a fait.

Ce Conseil que nous pouuons appeller veritablement
Mazarin, apres auoir rabaissé cette puissance Maiestueuse du
Monarque, iusques aux choses les plus basses, pour le restablissement
du Cardinal, ne se contentant point de flestrir
coup sur coup la candeur des Lys pour leurs laschetez, ne
fait point de difficulté de destruire mesme l’authorité Royale,
& de la rendre si peu considerable, que toute la Chrestienté