que cét ambitieux entreprend sous le nom du Roy, est de tres-dangereuse
consequence pour les peuples, pour l’Estat, & pour
la propre reputation du Souuerain, qu’il prostituë auec ignominie
pour authoriser ses fourberies aussi souuent que la necessité le
contraint de retracter vne parole qu’il auoit donnée pour son
bien dans vn temps auquel la disposition de ses affaires les requeroit
ainsi : mais qu’il est contraint de ne point tenir dans vne
autre conjoncture pour sa propre subsistance, se seruant insolemment
de tout ce que les Rois ont de plus saint & de plus inuiolable,
pour déguiser pour vn peu de tẽps ses plus infames desseins,
lors qu’il veut ou surprendre quelque entreprise que l’on fait
contre son funeste restablissement, ou precipiter le succez d’vne
deliberation, qu’il espere luy pouuoir estre fauorable.

Quelques Estrangers apres auoit consideré long-temps la
teneur de plusieurs escrits portant le nom du Roy, m’y firent
reconnoistre tant de contradictions, quoy qu’enuoyez de la part
de sa majesté, presque sur vn mesme sujet au premier Parlement
de son Royaume, qu’ils me protesterent, que s’ils auoient l’honneur
d’estre François, ils aimeroient mieux perir que de souffrir
auec lascheté des Ministres qui rabaissent l’authorité Royale,
iusques à vser de prieres enuers des personnes sur qui le Souuerain
doit auoir vn pouuoir absolu & commandement in definy, si
cet Estranger ne diminuoit sa puissance en l’vsurpant.

Mais ce qu’ils me dirent auec plus d’aigreur & de rage contre
l’insolence du Cardinal Mazarin, fut le miserable estat où ce
mauuais Ministre auoit reduit le Monarque, luy faisant escrite
des Lettres à ses sujets, pour les inuiter par toutes sortes d’inuentions,
indignes de la sincerité du Souuerain, à trauailler à la ruine
de son propre Estat, pour fauoriser le restablissement du plus
dangereux ennemy que sa Majesté puisse auoir aupres de sa personne,
puis que se seruant auec audace de persuasions qui ne peuuent
sortir que d’vn espritaussi interessé, & aussi lasche que celuy
du Mazarin, l’on employe son sacré nom pour exhorter le Parlement,
de s’opposer au passage des vieilles troupes de Monsieur le
Prince, que Monsieur de Nemours conduit en France, pour destruire
la peste publique de ce Royaume, sous pretexte qu’on
les a augmentées de quelques recruës composées de mesme
nation que celles que le Cardinal Mazarin a fait entrer pour restablir
sa tyrannie, sur la perte de toute la Monarchie, au hazard
de l’authorité Souueraine, & au mespris de Son Altesse Royale,