Anonyme [1649], LES MOTIFS DE L’VNION DV BOVRGEOIS DE PARIS, AVEC LE PARLEMENT, REPRESENTEZ A LA REYNE, Seruans de response aux Libelles jettez dans Paris. Où est descouuerte la fausse Politique des deux Ministres Cardinaux. , françaisRéférence RIM : M0_2500. Cote locale : C_6_26.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 5 --

en faisant courir ce bruit qu’il alloit la signer, pour en suite employer les Espagnol
au chastiment de ce Royaume.

 

Mais voyant que les remonstrances, & les menaces auoient eu vn mesme effet, &
qu’elles n’estoient capables d’ébranler la iustice de nos intentions, nous auons veu nos
ruës bordées de placarts & de libelles, & les places publiques remplies de ses Partisans,
qui jadis les furent des Finances, pour pratiquer la discorde entre nous, & tantost nous
persuader que ceux ausquels nous mettions nostre confiance estoient ses affidez, & ne
cherchoient que les occasions de nous liurer à sa iustice : vne autrefois que nous estions
abusez sous de vaines apparences, nous representans que nous employons nos vies, nos
biens, & nos fortunes pour fauoriser la querelle particuliere de quelques mescontens, qui
estoient quelques vns les autheurs du mal qui nous menace, & les autres s’estoient rendus
les Chefs des armées que nous leur fournissons pour faire la guerre à nostre Roy, &
ne trauailler que pour la ruine du Royaume, en nous rendans mescognoissans des graces
singulieres qu’il nous a pratiquées par la derniere Declaration, l’innocence de son
procedé, & la sincerité de ses intentions paroissans assez, en ce qu’il n’a autre but que le
soulagement du peuple, mesprisant ses propres aduantages, Veu, ce fait-il dire, qu’il
n’a encores dans le Royaume aucune forte place, ny mesme aucune seigneurie de consideration.

Il est vray, Madame, que ces bruits ont d’abord trauaillé les plus foibles d’entre
nous, & que quelques esprits disposez à tout croire sont entrez en quelque soupçon de
ceux qui se sont volontairement offerts à nous, pour proteger nostre iuste deffence
contre les oppressions de ce Cardinal Estranger : Mais cette vaine terreur s’est bien-tost
abbatuë, quand on leur a fait voir que ce n’estoit qu’vne suite des artifices de leur
plus signalé Ennemy, & que ces propositions estoient si sort esloignées de toute apparence,
qu’elles faisoient voir l’impertinence de celuy qui les proposoit : Et de faict,
comment se pourroit-il faire que ceux qu’il dit se vouloir seruir de nous pour venger
contre luy leur querelle particuliere ; fussent ses confidens & disposez à nous trahir,
ainsi qu’il pretend nous faire croire ? & comment nous pourrions nous persuader que
des Princes, dont la foy est tousiours demeurée inuiolable, voulussent commencer à
trahir vn peuple, auec lequel ils doiuent finir leurs iours ? & qui n’ayans iamais esté
assez lasches pour plier sous le joug d’vn Ministre Pernicieux, se sont conseruez entiers,
& sans engagement, pour en deliurer la France, quand l’occasion s’en est offerte

Le pretexte de l’interest particulier n’a pas esté moins facile à destruire que le premier :
puis que pour les Princes, ils ont protesté hautement lors de leur ionction au
Parlement & au reste de la France, en vn temps où il estoit question de declarer leurs
intentions, qu’ils ne pretendoient autre chose que le seruice du Roy & le repos du
Royaume. Pour le regard des Magistrats, personne ne s’est iamais pû persuader que
les interests de quatre ou cinq particuliers, que l’on dit de la part de ce Ministre estre
la cause du desordre auquel la France se trouue auiourd’huy engagée, aye pû attirer
cette grande Compagnie à desirer des choses qui ne soient dans la justice : Ioint que ce
dont on les calomnie, & que l’on cotte pour cet interest particulier, auquel on pretend
qu’ils se monstrent trop attachez, meriteroient bien en tout cas d’en faire vne cause
publique, tant ce Ministre se tesmoigne peu adroit à forger des calomnies pour couurir
ses lasches intentions : Car que dit-il ? Que l’vn se ressent de ce que les charges
n’ont esté distribuées dans la justice ordinaire de la milice, & les autres de ce qu’il est la
cause de l’esloignemẽt d’vn bon Ministre, & d’vn Prelat, que vous cherissiez, Madame,
aussi bien que le peuple. Ces raisons sont-elles pas publiques ? & n’est-ce pas l’interest

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], LES MOTIFS DE L’VNION DV BOVRGEOIS DE PARIS, AVEC LE PARLEMENT, REPRESENTEZ A LA REYNE, Seruans de response aux Libelles jettez dans Paris. Où est descouuerte la fausse Politique des deux Ministres Cardinaux. , françaisRéférence RIM : M0_2500. Cote locale : C_6_26.