qu’il fut son amy, il luy enuoya vn Gentil-homme
de sa Chambre, afin de tesmoigner sa bonne volonté.
Monsieur de Thurennes receut le salut, & lui dit,
Que c’estoit tout son desir de le voir chez luy, ou qu’il
lui pleut commander de le venir visiter : Cette parole
fut portée à Monsieur de Tauannes, laquelle oüye, il
sortit aussi-tost pour l’aller trouuer auec ioye, & fut receu
de lui selon son merite. Mons. de Turenne, dit :

DIALOGVE.

Turenne. Vous sçaués, mon cher Cousin, que ie ne
fus ennemy du Roy, des Princes, n’y de la Patrie : &
que ce que ie porte les armes, n’est que pour remettre le
tout en repos : mais ie voy que nous nous tuons les vns
les autres, & que le sang Noble n’est en ce regne tenu
que pour roturier, que l’on ne tasche qu’à amoindrir
nos forces, & qu’il ne faut qu’vn Italien pour nous destruire :
ie veux bien vous dire mes sentimens sur ce sujet,
& vous montrer que ie suis contraint de porter les
armes : non, pour autre chose que pour me vanger de
celui qui à causé la desolation entiere de la France.

Tauannes. Il me souuient, Monsieur, de ce que
vous me proposaste le iour precedent de la bataille de
Rethel ; lors que ie fus pourmener auec vous au petit
jardin de vostre logis ; vous en sçauez ie croy encor les
articles, & afin d’en mieux rafraichir vostre memoire, ie
vous les vray desduire de point en point : Ne me distes-vous
pas ; 1. Que tant que Mazarin auroit le Ministere
de la France, que nous n’aurions iamais de repos.

2. Qu’il auoit enchanté la Reyne & vne grande
partie de ses Conseillers.