Anonyme [[s. d.]], LES ENTRETIENS AMOVREVX D’vn ieusne meusnier de Vaugirard, auec la Veufue d’vn Patissier du mesme Village. , françaisRéférence RIM : M0_1246. Cote locale : C_7_73.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 3 --

Le Meusnier.

Ma chere Comere si, i’osois, ie vous parlerois de quelque
chose particuliere.

La Patissiere.

Vous pouuez le faire librement, ie ne suis pas vne personne
inconnue, & estrangere.

Le Meusnier.

Ie le sçais bien, ma Comere, mais ie ne laisse pas pourtant
d’auoir quelque crainte, neantmoins puis que vous me le permettez
ie le feray sans vous en rien celer, c’est en bon François
que ie suis amoureux de vous.

La Patissiere.

Vrayment samon, nous voila bien chanseux, nos chiens
nous guettent, vous vous mocquez bien de nous.

Le Meusnier.

Par sainct friant ie ne me mocque point de vous, ie n’ay
point de vostre argent, vous sçauez bien qui ie suis, & doù
ie suis, bien que ie n’aye pas les qualitez esgalles à celles de
feu vostre mary, si est-ce pourtant que ie ne veux pas auoir
moins d’amour pour vous.

La Patissiere.

Vraymẽt vous nous parlez d’vne chose qui n’est pas encore
preste, ce n’est pas à quoy ie songe, i’ay bien d’autres choses
en l’esprit que cela.

Le Meusnier.

Ie crois bien que la chose n’est pas encore preste mais auec
le temps, elle s’apprestera, rien n’est fait qu’auec le temps, &
puis il faut se connoistre encore plus particulierement.

La Patissiere.

Est-il possible que vous ayez en la pensée de vous vouloir
marier.

Le Meusner.

Pourquoy non, qui en empesche ? ne suis-ie pas en aage.

La Patissiere.

Samon ma foy, si l’on vous tordoit le nez il en sortiroit
encore du laict qui est la femme qui voudroit de vous, elle
auroit vn bel honneur d’auoir espousé vn larron.

Le Meusnier.

C’est vne qualité qu’on donne à tous ceux de nostre mestier

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [[s. d.]], LES ENTRETIENS AMOVREVX D’vn ieusne meusnier de Vaugirard, auec la Veufue d’vn Patissier du mesme Village. , françaisRéférence RIM : M0_1246. Cote locale : C_7_73.