Anonyme [1649], LES DIVINS ARTICLES DE LA PAIX GENERALE. , français, latinRéférence RIM : M0_1165. Cote locale : A_3_20.
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seruir ses chaisnes, & ses fers à leur triomphes Et encore auiourd’huy
l’opprobre de ses descendans à leur superbe gloire.
Ils sont tous vagabons, çà & là, fugitifs comme de Cains de
deuant la face du Seigneur, bannis de leurs terres, sans patrimoine,
sans demeure assurée, sans heritages, odieux au Ciel,
execrables à la terre, hays de tous, persecutez en tous lieux,
chassez des vns & des autres, abandonnez de Dieu mesme, &
aussi miserables en toutes choses, que leurs ancestres furent
heureux deuant qu’ils eussent attiré l’ire de Dieu sur eux.

 

Leur terre cependant, cette terre de promission qui leur distilloit
le lait & le miel, & d’où ils ont esté chassez pour leur
crime, ne cesse de deplorer leur perte. Ses campagnes en pleurent,
ses Chasteaux, ses villes, & toutes ses maisons. Tout y
est en desolation, tout confit en tristesse, tout couuert de
dueil, & tout enseuely-dans vn morne filence. Les tenebres en
ont chassé la lumiere, la pauureté la richesse, la misere le bonheur,
& le peché toutes sortes de benedictions. La splendeur
des saints y est eclipsée, la gloire des Patriarches abbatuë,
l’esprit des Prophetes esteint, & toute la Religion estouffée.
Il n’y a plus aucun vestige des anciennes festes, plus de solemnité,
plus de Neomenie, plus de Sabbat, de Prestres, ny de
Sacrifices. Le lieu qui y estoit anciennement dedié a esté
ruiné, le Temple abbatu, & l’Autel profané. Et quoy qu’il y
ait desia longtemps que se fit ce rauage, l’horreur en est demeurée
tellement imprimée és choses les plus dures qu’elle
n’a encore pû s’effacer. Les plus insensibles s’en ressentent
encore, & font pitié à tous ceux qui les regardent. Les pierres
des edifices demollis en pleurent, les ossemens des SS. en gemissent
sous leurs tombeaux, les tombeaux mesme en sont
tous larmoyans, les chemins de Sion par où ils passerent autrefois
esplerez, & les lieux qui leur seruirent de demeures,
tellement tristes & desolées qu’on n’y sçauroit ietter les yeux
en passant sans y verser des larmes. La seule idée que i’en ay
me desrobe les miennes, & me presse si fort le cœur que ie ne
puis me passer de plaindre leur desolation & les malheurs de
la pauure Hierusalem.

Hierusalem qui fut iadis les delices des Peres que de matiere
tu leur as depuis donne de douleurs & de tristesses. Que

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