Anonyme [1649], LES DIVINS ARTICLES DE LA PAIX GENERALE. , français, latinRéférence RIM : M0_1165. Cote locale : A_3_20.
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disgrace ils n’ont tenu aucun conte d’elle, au lieu de luy compatir,
ils n’ont fait que l’affliger & d’amis qu’ils parroissoient
luy estre pendant sa prosperité, ils se sont declares ses ennenemis.
Ils ont esté les premiers à la persecuter, & mal traitter
ses enfans.

 

Hierusalem, Hierusalem, qui les esleuoit si tendrement
quels pouuoient estre tes sentimens les voyans traicter de la
sorte, & quels seront à cette faim, dont la seule pensée me
fait horreur.

Mais quoy que nous n’y pensions pas, ô mon ame, Dieu ne
laisse pas d’y penser, & peut estre qu’à l’heure mesme que i’en
parle, il minutte l’arrest de nostre condemnation. Peut-estre
l’a il desia prononcé, peut-estre sigé, & peut estre mis entre
les mains d’vn Ange exterminateur, auec commandement de
le venir executer contre nous à la rigueur, à la rigueur mon
Dieu helas, he qui le pourra supporter ? Mais tolerable ou
non, si Dieu l’a arresté il le faudra souffrir : C’est fait de Nous
s’il l’a ainsi resolu, s’il a iuré nostre perte en sa fureur il n’y a
plus de salut pour nous, & il nous faudra malgré que nous en
ayons porter aussi bien que les Iuifs la peine deuë à nos crimes,
vous n’y pensiez pas pauures Iuifs, vous ne croyiez pas
que les vostres deussent iamais estre ainsi chastiez d’vn Dieu
qui s’estoit fait vostre Pere, vous ne pouuiez vous imaginer
auec tous ses aduertissemens, & menaces qu’il en deust iamais
venir là ; Mais les effets espouuentables de ses mencees font
enfin voir à vous & à nous à vos propres despens qu’il faut le
croire quand il parle, & le redouter quand il menace.

I’en tremble mon Seigneur, & crains que les iours de vostre
vengeance s’approchent aussi de nous ; Ils ont bien tardé
à venir pour les faits, vous les auez differé tant que vous auez
pû, vostre bonté ne les a laissé venir qu’à regret, mais les voila
pourtant enfin arriuez par leur faute & contre leur esperance,
les voila enfin pris les pauures peuples, les voilà enfin
humiliez, les voila abbatus, prosternez, & destruits comme
vous leur auiez predit. Les voila enfin tombez dans les abysmes
malheureux dont vostre Iustice auoit tant menacé leurs
reuoltes. Iustice espouuantable que ie te crains, que ie redoute
ta cholere.

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