Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.
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Response. Vous estes donc, Monseigneur, de l’opinion
des Medeins de Paris, qui veulent tousiours saigner.

le Cardinal. Vous comprenez ma pensée. La comparaison
n’en est pas mauuaise Car pour moy ie crois que
la repletion tuë plus d’hommes que l’espée. Ie pourrois
adiouster que l’oisiueté est la mere de tous vices, qu’il
faut employer la Noblesse Françoise, qui desdaigne
tout autre exercice que celle d’Angleterre ; ce n’est pas
comme ailleurs, où ils se plaisent à estre marchands ou
laboureurs Il y a aussi tant d’esprits faineants dans vn
grand Royaume, qu’il faut employer pour le descharger
d’autant. Et pour conclusion, il faut qu’vn Prince
soit tousiours armé, pour donner tousiours de la jalousie
à ses voisins, de la crainte à ses peuples, & estre tout
prest à appaiser les sousleuemens, s’il en arriue en quelque
partie de son Estat. Où estions nous, si nous n’eussions
point eu d’armée, quand ce grand Corps de Paris
s’est esueillé en sursaut pour nous déuorer ?

Response. Monseigneur, si vous n’eussiez pas pincé
cette grosse beste, elle dormiroit encore, & iamais les
peuples ne se sousleuent quand on les gouuerne paisiblement,
que la Iustice regne, & que la Religion fleurit.
Ce n’est pas que ie ne voulusse qu’vn Roy eust des fortes
places bien munies, & vn thresor pour la necessité.

le Cardinal. L’exemple d’Angleterre confond tout ce
raisonnement là.

Response. Pardonnez moy s’il vous plaist, Monseigneur,
la Religion estoit toute corrompuë en Angleterre,
le Roy n’auoit aucune forte place munie, & ses
coffres estoient tousiours vuides.

le Cardinal. Monsieur, ie vous ay dit tout ce qui se
peut dire sur ce sujet là & j’y adjousteray encore, que
mon interest demandoit que la France fust en guerre,
& mesme qu’elle continuast long-temps.

Response. Mais Monseigneur, vostre Eminence n’a-t’elle
iamais consideré, que Dieu auoit mis entre ses

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Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.