Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.
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de la France, que nous luy redonnions par apres,
par nos depenses magnifiques, & nos superbes bastimens,
qui donnoient la vie à tant de pauure peuple.

 

Response. Mais, Monseigneur, ces Messieurs diront,
que vous estes riche en effet, aussi bien qu’en comparaisons,
& que vous n’auez redonné à la France toutes
les finances que vous luy auez rauies.

Le Cardinal. Le temps n’en estoit pas encore arriué,
il falloit que ie me misse en estat, & pouuoir de luy faire
du bien auparauant : & pour cét effet i’enuoyois mes
richesses en Italie, pour y acquerir de la reputation, car
vous sçauez comment l’on se gouuerne en ce pays-là.

Response. Qu’est-ce que cette reputation eust apporté
à la France ?

Le Cardinal. I’aurois donné le boucon à ce Pape cy,
s’il eust vescu trop long temps (puis qu’il vous faut tout
dire) & me serois fait eslire Pape, & pour ces choses il
faut de l’argent, & non pas peu : Iugez apres cela, si ie
n’eusse pas pû rendre la France heureuse.

Response. Oüy, en biens spirituels, Monseigneur.

Le Cardinal Les estimez-vous moins que les corporels ?
I’aurois espuisé le Thresor des Indulgences, & de
mes benedictions pour enrichir la France, & luy aurois
payé auec vsure l’indigne metail que i’ay reçeu
d’elle.

Response.Mais, Monseigneur, quoy que ces choses
là soient infiniment bonnes, si est-que la necessité ne
les prend pas pour argent comptant, la vie de l’ame
n’est pas celle du corps.

Le Cardinal. Outre cela, ie l’aurois merueilleusement
seruie dans les affaires temporelles, aux choses
où il y auroit eu de la contention entre la France &
l’Espagne, & dont i’aurois esté l’arbitre.

Response. Vous sçauez, Monseigneur, que le Pape
doit estre le Pere commun des Chrestiens, & que c’est
exposer sa dignité, que de se monstrer partial.

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Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.