Anonyme [1649], LES CALOMNIES DV CARDINAL MAZARIN REFVTEES, ET REIETTEES SVR SON EMINENCE. , françaisRéférence RIM : M0_618. Cote locale : B_13_14.
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chercher leur Roy, ils le combattent, ils saisissent tous ses reuenus, font
vn nouueau Sceau, pilllent les Maisons Royales, & celles de tous ceux
qui suiuent sa mauuaise fortune, ils mettent les Catholiques à la besace,
& leurs Prestres à mort ; Ils obligent, sous peine de confiscation de biens
& de prison, tous les Sujets, de leur prester vn serment de fidelité ; ils
détruisent la Hierarchie Anglicane, font le procez à leur Reyne, & enfin
condamnent leur Roy à vne longue & honteuse prison.

 

La conduite de Nosseigneurs du Parlement de Paris est si connuë à
tout le monde, & la memoire en est si recente, que ie n’ay pas besoin
d’en discourir, pour faire voir qu’elle n’a rien de semblable à cette Assemblée
de Londres. L’on sçait la constance qu’ils ont euë à souffrir les iniures
& surprises d’vn Ministre insolent & dissimulé, la moderation &
l’indulgence qu’ils ont exercée enuers leurs ennemis, lors que deux ou
trois cent mille hommes estoient en armes & en fureur pour eux, contre
vn Palais sans deffence. On sçait comme ils se sont vengez du premier
enleuement du Roy, & quelle joye son retour donna à Paris, qui sembloit
auoir enseuely dans les acclamations publiques toute la haine que
l’on auoit conçeuë contre son Rauisseur. Personne n’ignore auec quelle
obeïssance aueugle les Parisiens ont encore presenté leurs veines à cette
auide sangsuë, qui en vomit à present le sang qu’elle a succé sur des soldats
Estrangers, pour les rendre plus sanguinaires à nostre ruine. L’on sçait
auec combien de discretion le Parlement a souffert la malice & les subterfuges
des mauuais Ministres, & qu’il s’est mis en des termes de contenter
le Turc, s’il nous auoit rendus ses esclaues. Apres le second enleuement
du Roy, peut-on s’imaginer vne conseruation plus grande que celle
des Parisiens, & vne moderation pareille à celle de Messieurs du Parlement ?
qui ont, comme ie crois, aimé mieux se laisser inuestir de leurs
ennemis, que de leur donner la chasse, parce que cela eut encore dauantage
esloigné leur Souuerain, ils ont choisi de souffrir la faim
plutost que d’alarmer la Maison Royale. Le mauuais traitement que
l’on fit aux Gens du Roy enuoyez de la part de la Cour de Parlement,
n’a pas empesché, qu’on ne tentast vne reconciliation par de tres-humbles
Remonstrances, & si ie me souuiens bien de la teneur de l’Arrest
que l’on donna contre Monsieur le Cardinal, il me semble que l’on ne
luy interdisoit point la ville de Paris, & ie crois que l’on ne le bannissoit
du Chasteau de Sainct Germain, que parce que la Cour y est fort imcommodée,
& qu’on la vouloit attirer au Palais Royal ; quoy qu’il en soit, ou
ne peut nier que le despit de cette absence n’ait mis les armes aux mains
de tous les Parisiens, qui auroient desia poussé les choses dans vn estat,
capable d’empescher toute reconciliation, si le Parlement par sa prudence
& moderation ordinaire n’eust arresté leur fureur, temporisant de
iour en iour, & d’heure en heure, differant malgré la faim & le murmure
de tout vn Peuple, dans l’esperance qu’il viendra vn heureux moment,

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Anonyme [1649], LES CALOMNIES DV CARDINAL MAZARIN REFVTEES, ET REIETTEES SVR SON EMINENCE. , françaisRéférence RIM : M0_618. Cote locale : B_13_14.