Anonyme [1649], LES CALOMNIES DV CARDINAL MAZARIN REFVTEES, ET REIETTEES SVR SON EMINENCE. , françaisRéférence RIM : M0_618. Cote locale : B_13_14.
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LES CALOMNIES DV CARDINAL
Mazarin refutées, & rejettées sur
son Eminence.

LES Calomnies sont les armes des foibles & des lasches ;
les femmes & les effeminez s’en seruent le plus
souuent, parce que la nature les a mal partagez de
force & de courage. Et nous voyons que les chiens qui
mordent le moins sont ceux qui abayent le plus. Les
coupables s’en seruent aussi pour couurir leurs crimes,
lors que tesmoignant vne feinte auersion pour le mal, ils en chargent
l’innocence ; Mais il arriue souuent qu’ils font si mal leur personnage,
que leur malice est descouuerte, & l’innocence iustifiée. C’est ce qui est
arriué au Cardinal Mazarin, lors que le lendemain de l’enleuement du
Roy, par vne fausse accusation aussi mal fondée que concertée, il nous
tira du soupçon dans vne asseurance palpable, qu’il n’est pas Espagnol
de Nation seulement. Cette calomnie estant retombée sur son autheur,
il a recours à vne seconde, qui n’est pas moins noire, ny moins ridicule
que la premiere. Et quoy que l’vne & l’autre se destruisent assez d’elles-mesmes,
neantmoins, parce qu’il fonde cette derniere, principalement
sur des conjectures & sur des euenemens, il ne sera pas hors de propos dé
faire voir que Monsieur le Cardinal a l’esprit aussi foible que malicieux,
& que ses conjectures sont tres-mal fondées, & les euenemens dont il
nous menace impossibles.

Ce grand Ministre voyant que par sa premiere calomnie, il n’a pû détacher
le cœur des subjets de l’amour du Prince, & du salutaire Conseil
de ses Parlemens, ne trouue point d’autre moyen de se maintenir & de
ruiner la France, que de remplir l’esprit de la Reyne & des Princes de
son party, de soupçons, de jalousies, & de craintes, pour les porter
aux violences, que l’interest propre & la conseruation de nous-mesme
nous inspire ; L’Estat present de l’Angleterre luy fournit vne ample matiere
sur ce sujet ; Il leur met deuant les yeux, l’emprisonnement d’vn
Roy, le bannissement d’vne Reyne & de tous les Princes du Sang, &
proteste qu’il faut plustost attirer l’Espagnol, voire le Turc, que de faire
aucun accommodement auec les Parlemens, où le Roy, ce dit-il, ne
sçauroit trouuer que sa ruine : mais faisant voir que les affaires d’Angleterre

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Anonyme [1649], LES CALOMNIES DV CARDINAL MAZARIN REFVTEES, ET REIETTEES SVR SON EMINENCE. , françaisRéférence RIM : M0_618. Cote locale : B_13_14.