Anonyme [1649], LES ADVIS Heroiques & importans donnez A Mr LE PRINCE DE CONDÉ Par Monsieur DE CHASTILLON, reuenu de l’autre monde. Par l’Autheur mesme des Triolets. , françaisRéférence RIM : M0_514. Cote locale : D_2_22.
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Rien ne peut arrester vn si large torrent,
Rien ne peut empécher vn feu si deuorant ;
On te void genereux, fay toy voir encor sage,
Calme par ta prudence vn si puissant orage,
Euite promptement, pendant qu’il t’est permis,
La fureur & la faim, deux puissans ennemis ;
Tu n’es pas immortel pour ta valeur extreme,
Les vaillans sont tuez, tu peux l’estre de même :
Le prix n’est pas tousiours à qui s’est mieux batu,
Et bien souuent le nombre accable la vertu
Croy moy, ren à Paris sa premiere franchise,
Sauue-le des rigueurs d’vne noire entreprise,
Tu ne serois pas mieux lors qu’il ne seroit rien,
Et le tirant du mal tu te feras du bien.
Si tu veux opprimer des villes qui soient belles,
Va forcer Amsterdam, Venise, Gand, Bruxelles,
Prend Seuille, Madrid, Naples, Florence, Anuers,
Acquiers toute l’Europe, acquiers tout l’Vniuers,
Employe en ce dessein, ton cœur, ton industrie,
Ta force, & ton pouuoir ; mais laisse ta patrie ;
Laisse ce parlement qui n’eut iamais d’égal,
Qui regle si bien tout, & qui ne fait rien mal ;
Laisse en repos la France, & va porter la guerre
Au cruel parlement qui regit l’Angleterre ;
Le tien est innocent, & l’autre est criminel ;
L’vn doit auoir la paix, l’autre vn trouble eternel ;
L’vn n’a qu’vn Conseil doux, l’autre l’a trop seuere ;
L’vn merite ta grace, & l’autre ta colere ;
L’vn conserue l’Estat, l’autre le fait perir ;
L’vn aime & craint les Rois, l’autre les fait mourir.
C’est la, Prince, c’est là, qu’auec toute licence
Tu pourrois iust ment exercer ta vengeance :
C’est contre ces Millors, ou plustost ces bourreaux,
Que tu deurois armer des gens & des vaisseaux ;
Domte ces Leopars, & sois vn autre Alcide
A punir par leur mort vn si noir parricide.
Va tailler en morceaux ces monstres inoüis ;
Venge vn Charles tué, venge vn ieune Loüis ;
Venge de pauures Fils, venge vne foible Mere,
Qui te crie au secours dans sa douleur amere :
Ta main luy peut donner vn remede allegeant,
Et tu te vengeras toy mesme en la vengeant ;
C’est ton sang, c’est le sang de tõ puissant Monarque,
Ser-toy de son pouuoir, pars, va, cours, & t’ẽbarque,
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Anonyme [1649], LES ADVIS Heroiques & importans donnez A Mr LE PRINCE DE CONDÉ Par Monsieur DE CHASTILLON, reuenu de l’autre monde. Par l’Autheur mesme des Triolets. , françaisRéférence RIM : M0_514. Cote locale : D_2_22.