VRAY PACIFIQVE, c’est qu’en effect ie porte vn discour ;
de Paix, pour y confirmer ceux qui l’ont recherchée ;
rappeller les autres qui pourroient faire mine de s’en
escarter, & dõner toutes les asseurãces d’vn parfait repos.
C’est pourquoy ie suis certain que quand ce beau nom sera
publié, chacun s’approchera de moy pour m’entendre,
& profiter des pensées, dont ie leur fais part ; & que i’auray
autant d’Auteurs, qu’il y a de gens qui hayssent la confusion,
& les tumultes.

Que s’il y en a quelques vns à qui ie ne sois pas aggreable,
parce qu’ils se plaisent dans les tenebres, & qu’ils cherissent
les desordres, ie pretends bien aussi de mon costé
les trauailler par cét escrit, que i’addresse aux vrays amateurs
de la Paix qui ont renoncé comme moy aux impertinences
de ce discoureur incognu.

Et de vray qui pourroit prendre goust à des choses digerées
au desauantage de l’humanité, sinon des Cigognes
qui ne se nourrissent que de venin, ou des Mitridates, qui
dans leurs infortunes prennent des poisons pour aliment ?
les autres ont les yeux trop bons pour receuoir à leur table
cette Harpie qui ne les sçauroit nourrir que d’infection.
Pleust à Dieu donc qu’en corrigeant ses animosités, ie le
rende aussi odieux aux gens de bien, qu’il est carressé de
ceux qui comme luy veulent s’enrichir des despouilles
d’autruy ; afin que chacun cognoisse combien ma à propos
il nous pousse à reprendre les armes d’enuie que la
pieté, & le deuoir nous ont fait quitter, & que c’est auec
raison que ie l’appelle ennemy de l’auctorité, de la Iustice,
du repos du Roy, & de ses suiets, perturbateur du bien
public, & amateur du sang de ses freres, & par consequent
ny bon François ny veritable Bourgeois de Paris.

N’est-ce pas indiscretement qu’il veut hazarder la personne
des Princes, des Seigneurs, & de toute la noblesse
à vne guetre, dont les succés sont en la main de Dieu, &
non pas en sa passion, & nous faire renaistre ces frayeurs
dont leur courage, & leur sagesse nous ont deliuré. Car à