titre & l’apparence. Que si la ioye qui nous est encore
vne passion si peu familiere, pour la longue habitude
que nous auons aux angoisses, ne nous rauit
pas si tost, & ne nous fait pas fondre d’abord en
de nouuelles allegresses, & que la souuenance &
l’aigreur des choses passees nous empesche de gouster
la douceur du bien qui se presente, au moins considerons
les escueils que nous auons passés, afin
qu’imprudemment nous ne retombions point dans
la tempeste.

Vous auez esté assez armez les vns contre les autres,
Grands Princes, & braues Seigneurs, les
premiers & les plus solides pilliers de la Couronne,
il est temps de tenir vos armes basses, & esleuer l’oliue
au lieu de la palme. Reprenez donc vos esprits
non pour continuer vos differents par le fer, mais
pour remettre à la Prouidence de Dieu le gouuernement
de l’Estat sous la direction de nostre incomparable
Regente, endurés qu’il releue cet ancien ordre
que vos diuisions ont voulu abbatre, espargnés
le sang des François, desia assés espanché par tant
d’autres guerres, & pour ces tiltres glorieux de vaillants,
de forceurs de villes, de foudres de guerre, &
de conquerants, gardés les à d’autres exploits pour
la defense de la foy, & la iuste vengeance d’vn Roy
executé à mort par des rebelles. Et vous grãde Reyne,
Mere de nostre Monarque qui a apporté de vostre
ventre les signes certains de sa grandeur future,
continués à l’esleuer auec les mesmes soins que vous
aués commencé, afin que son education ne desmente
point les promesses de ces presages : Comme il est
fauorisé du bon-heur de sa naissance vous deués aussi
auoir soin en l’esleuant de faire reluire en sa personne
les Royalles vertus empruntées de son sang & du
vostre, & à l’imitation des Lions qui ne permettent