Anonyme [1652], LE VERITABLE MANIFESTE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE Touchant les raisons & motifs de sa sortie, & les protestations qu’il fait aux Parisiens qu’il n’abandonnera iamais leurs interests. , français, latinRéférence RIM : M0_3942. Cote locale : B_6_9.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 7 --

parce que nous n’auons iamais pretendu, que ce qui nous estoit aiugé
par toutes les loix. Ainsi nous auons suiet d’esperer que l’Estat ouurira enfin
les yeux à son aueuglement, pour considerer qu’il n’y a que ces Estrangers
Conseillers pretendus de sa Maiesté qui troublent son repos, & que le
Roy n’est nullement complice de toutes les menées qu’ils fomentent au
desaduantage de son authorité, & à la faueur de l’innocence de son âge.

 

Ces excez de respect, que nous auons tousiours inuiolablement conserué,
& que ie me suis particulierement estudié de regler à celuy de son
Altesse Royale, nous ayant assez iustifié dans le iugement de tous les gens
de bien, ie pense qu’on ne doit plus attendre de nous que nous nous amusions
desormais à des grimaces de cette nature, puisque l’experience ne
nous a que trop fait reconnoistre, que ce n’est pas le plus court moyen de
remedier aux maux de l’Estat : Et puisque nous auons enfin reconnu qu’il
n’y a que les caprices du Conseil de sa Maiesté qui retardent le bon-heur
de l’Estat, Nous pouuons hardiment le procurer, sans peur de choquer
l’authortié Souueraine de celuy, qui n’entre que par pretexte dans les interests
de ces ennemis du repos public.

Pour moy, Messieurs de Paris, ie vous proteste sincerement que ie ne
suis plus resolu de vous laisser languir, dans les attentes de ces premieres
negotiations : & puis que ie ne puis plus douter que la Paix ne soit entierement
impossible, à moins qu’elle ne vous soit produite par vne bonne
guerre, vous reconnoistrez bien-tost par l’experience de l’affection que ie
vous tesmoigneray par les effets, que mes procedez pour le restablissement
de la tranquillité publique ont esté sinceres, & que les calomnies que les
Ennemis de l’Estat ne manqueront pas de semer à mon desaduantage, comme
ils n’ont iamais manque d’intrigue ou de souplesse pour leur donner
quelque apparence de verité, seront auec l’assistance du Ciel heureusement
dementies, par l’experience des effets que ie feray paroistre, pour en faire
rougir leurs autheurs.

Ce n’est que pour cette seule intention, que ie sors de Paris, apres y auoir
vescu parmy vous pendant cinq mois, auec vne confiance qui n’a iamais
marqué qu’vne parfaite sincerité de mes intentions pour vostre seruice. Ie
n’en sors auec cette grande affection que vous m’auez tesmoigné, qu’en
intention d’y r’entrer bien-tost pour vous porter l’assouuissement de tous
vos defirs. Ie ne vous quitte qu’a dessein d’aller contraindre vos Ennemis &
les miens de nous rendre le repos qu’ils ont troublé pour se rendre necessaires
aupres de la Maiesté, dont ils ont surpris l’innocence par leurs artifices. Ie
ne me separe de vous que pour vous reioindre bien-tost au milieu des acclamations
auec lesquelles vous receurez le retour de la Paix, & pour vous faire
confesser à mon aduantage que si mes intentions n’ont point paru auec tant
de faste, elles ont esté du moins plus sinceres que celles de la Cour.

Cependant ne laissez pas de vous precautionner, pour estre tousiours a
l’espreuue des artifices de vos ennemis. Ne r’enforcez pas par vostre mes intelligence
le party de ceux que ie m’en vay destruire par les armes. Reconnoissez

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1652], LE VERITABLE MANIFESTE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE Touchant les raisons & motifs de sa sortie, & les protestations qu’il fait aux Parisiens qu’il n’abandonnera iamais leurs interests. , français, latinRéférence RIM : M0_3942. Cote locale : B_6_9.