Anonyme [1650], ADVIS SVR LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M2_36. Cote locale : D_1_20.
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change les Magistrats, s’il n’engloutit les Charges seculieres & les
dignitez Ecclesiastiques, s’il n’arrache les Citoyens de leurs biens,
& s’il ne leur oste leur credit pour donner tous les deux à des
Estrangers : si en vn mot il ne se faict diuerses creatures pour l’agrandissement
desquelles il faut abaisser tout le reste. Et ces moyens
sont in supportables au Peuple.

 

Enfin c’est vne chose honteuse à vn Peuple qui ne manque pas
de personnes capables du Ministere ; de se voir sousmis à vn Estranger ;
& comme lors que cette eslection vient du Peuple elle luy est
desauantageuse, parce que c’est vne marque de sa lascheté & de
son ingratitude, puis qu’il aime mieux se sousmettre à vn Estranger,
qu’à vn de ses Concitoyens : de mesme lors que le choix d’vn
Estranger pour Ministre vient de la volonté du Prince, il est honteux
à celuy qui le fait, & au peuple qui le souffre ; parce que c’est
vne marque presque infaillible, que dans tout l’Estat il n’y a point
d’homme ny assez sage, ny assez intelligent pour s’en bien acquitter :
ce qui est la plus miserable condition & du Prince & du Peuple,
dans laquelle ils se puissent trouuer. Et les Scythes, quoy que
Barbares, l’ont si bien reconnu, qu’il ne le pûrent celler au Grand
Alexandre leur vainqueur : comme le remarque Herodote en son
liure sixiesme : Bien que tu sois, luy dirent-ils, plus que tous les autres,
toutesfois souuiens-toy que personne ne veut souffrir la domination
des Estrangers.

FIN.

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Anonyme [1650], ADVIS SVR LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M2_36. Cote locale : D_1_20.