Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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dans le Royaume. Mais que dis-ie, dans le Royaume, en
vostre ville, dans vostre territoire, à dix lieuës à la ronde, dans
vos maisons, dans vos fermes & dans vos possessions ; enfin, dans
vos fauxbourgs, & dans le cœur de vostre ville. La premiere resolution
qu’ils prennent en ce rencontre, c’est de faire vne chose
inoüye parmy les Nations Chrestiennes : c’est de proscrire la
teste d’vn Cardinal, d’vn prince de la saincte Eglise Romaine, &
la mettre à cinquante mil escus de recompense à celuy qui l’apportera.
Ainsi ces peres du peuple, & ces grands Prestres de la Iustice,
establissent par ce monstrueux attentat en nostre nation,
ce qu’elle a tousiours eu en horreur ; ie veux dire, la liberté de
l’assassinat.

 

Pour faire le fonds de cette recompense, ils ordonnent qu’vne
des plus rares & curieuses Bibliotheques de l’Vniuers, que ce
Cardinal auoit dressée en son palais, sera venduë. Elle auoit eschappé
leur fureur en l’année 1649. Elle n’estoit point tant à ce
Cardinal qu’au public ; puisque par vn contract solemnel, passé
pardeuant Notaires, il l’auoit renduë publique, & l’auoit dotée
d’vn reuenu suffisant pour l’entretien des Bibliothequaires, &
autres personnes necessaires pour la conseruer, l’ayant mesme
mise sous la protection du Parlement.

Cette consideration ne les touche point ; non plus que les deffenses
portées par vn Arrest du Conseil d’Estat, rendu, le Roy y
estant. Au contraire, il faut luy oster l’honneur de cet establissement
public. Et afin qu’elle ne puisse estre rachetée, ils la font
vendre en detail ; & ce qui a esté amassé auec beaucoup de soins,
& la despence de plus de cinq cens mil liures, est vendu quarante-six
mil liures ; de laquelle somme il faut distraire au moins dix mil
liures, qui ont esté consommez en frais de ventes. En sorte qu’il
en reste trente-six mil liures ou enuiron. Aussi se trouuera-il dans
les Cabinets & Bibliotheques des Commissaires deputez pour
faire cette vente, vne bonne partie des plus curieux volumes de
cette Bibliotheque, qui ne leurs ont rien cousté, ou qu’ils se sont
adiugez sous des noms supposez à fort vil prix. Ils ordonnent encore
que les autres meubles du Cardinal, & les statuës qui enrichissoient
son Palais seront vendus. Ces statuës du logis du Cardinal,
& transportées au Palais Royal, comme appartenantes au
Roy, en vertu de la donation que le Cardinal en auoit fait à S. M.
nonobstant les Commissaires tentent de les faire vendre. Il faut
que les Officiers de S. M. s’y opposent, & qu’ils leurs fassent signifier

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Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.