Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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à la legereté & à l’inconstance que vous estes, vous voila tous aussi
tost allarmez, la Reyne Regente reconnoissant bien où alloient
les desseins des factieux, mande le Preuost des Marchands, les
Escheuins & les Corps des Marchands. Sa Majesté leur donne
des asseurances de la bien veillance du Roy & de la sienne, & pour
leur tesmoigner la sincerité de ses intentions, elle leur dit que le
Roy trouue bon qu’ils mettent quelques gardes aux portes de la
ville ; pourueu que cela se fasse sans bruit & sans battre le tambour.
Cela est executé suiuant cet ordre, durant deux iours, apres lequel
le Preuost des Marchands qui estoit lors dans les interests de ce
party, ordonne aussi-tost vne garde exacte, le tambour battant
en la mesme maniere que si vostre ville estoit assiegée, l’on fait murer
la porte de la ville, voisine du Palais Royal. Il ne sort point de
carrosses ny chaires pour aller aux faux-bourgs, qui ne soit visitées.
Tout cela, Messieurs, vous le sçauez, s’entreprend par le seul ordre
du Preuost des Marchands, sans la participation ny du Roy, ny du
Gouuerneur de la Ville.

 

Ainsi, Messieurs, vous tenez vostre Roy prisonnier dans vostre
Ville, sans qu’il puisse prendre autre diuertissemens que dans
l’enclos de son Palais. La Reyne Regente s’abstient de ses exercices
ordinaires de deuotion, pour ne vous donner ny soupçon, ny
occasion de faire pis contre l’authorité Royale. L’on vous fait
naistre des frayeurs de iour à autre, l’on vous fait croire que le
Roy s’en est allé. Il faut ouurir sa chambre en pleine nuict, & le
faire voir dans son sommeil, vostre Garde passe impunément deuant
celle du Roy, & il faut par prudence dissimuler tous ces crimes,
cette Garde dure autant qu’il vous plaist, & si long-temps
qu’enfin vous vous en lassez.

Le Prince de Condé sorty de prison au mois de Feurier, fait
bien-tost voir, que ceux qui ont tant passionné sa liberté, n’ont
pas connu l’impatience & l’inquietude de son esprit. Il estoit difficile
qu’vn Prince de cette naissance, vn homme fier & ambitieux,
& plein de ressentiment de sa prison, peust demeurer dans
la Cour sans former quelque dessein. Il estoit necessaire pour en
venir là d’auoir des Ministres à sa deuotion, & de faire esloigner
ceux qui estoient dans l’administration des affaires, il luy estoit
aussi important d’auoir vn Gouuernement qui eust des places
frontieres ou maritimes, qui le peust rendre considerable & mettre
à couuert.

Pour y paruenir, contre le gré de la Reyne, qui preueut assez la

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