Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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que nous y auons veuë, qui fait gemir tous les bons & veritables
François.

 

C’estoit neantmoins à les oüyr parler vn remede, par le
moyen duquel ces nouueaux Politiques pretendoient auoir guery
tous vos maux. C’estoit, disoient-ils, vn moyen d’establir le
commerce, de soulager les miserables, de faire naistre l’abondance
de toutes choses, d’establir la seureté publique ; en vn mot,
de vous faire voir vn siecle d’or. Mais ces Empiriques d’Estat,
ces Medecins non experimentez vous firent croire que vous estiez
malades, pour faire vne espreuue sur vous ; ou si vrayement
vous l’estiez, vous pristes de leurs mains des remedes plus forts,
plus violents, & plus dangereux que vostre maladie.

Car quel suiet auiez-vous de vous plaindre, comme ie vous
l’ay remarqué cy-dessus ? Cinq années de la Regence s’estoient
écoulées sans que vous vous en fussiez apperceus. Pendant ces
iours de tranquillité & de bon heur vous n’auiez veu ny senty
l’establissement d’aucune nouueauté, les Prouinces, si vous prenez
leurs interests, auoient esté soulagées de plus du quart des
impositions, comme ie l’ay aussi remarqué, & qu’il est tres-vray,
le ministere, Messieurs, est chose si esleuée au dessus de vostre
portée, que vous n’auez point de droict de le contredire ; &
quand vous en auriez quelqu’vn, il ne vous desplaisoit pas en ce
temps là, vous viuez heureusement sous sa conduite, quest-ce
donc qui vous a excitez à souhaiter ce changement ? vous y auez
rencontré la ruine du public & la vostre ? Ne deuez vous pas,
rentrans en vous-mesmes pleurer auec des larmes de sang vostre
emportement, qui d’heureux que vous estiez, vous a rendus miserables
pour complaire à des ambitieux ? Et qui vous a fait oublier
le respect que vous deuez à vostre Souuerain, en vons esleuant
contre son authorité, de laquelle dépend vostre conseruation.

le souhaiterois que traitant de bonne foy, quand mesme vostre
intention n’auroit pas esté mauuaise, & que vous auriez esté
lors surpris ; ie souhaiterois, dis-ie, que vous voulussiez auoüer s’il
n’est pas vray, que vostre condition est deuenuë pire qu’elle n’estoit
auparauant. Pour moy qui suis nay au cœur de vostre ville,
ie l’ay oüy dire à ceux d’entre-vous qui sont les moins passionnez,
& ie vous apprendray, qu’ayant voyagé par toute la France depuis
ce temps-là, ie n’ay esté en aucune contrée où les peuples ne
vous donnent mille maledictions, d’auoir esté les instrumens desquels

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