acheter ses troupes, & attendra celles qui se
leuent en Allemagne, de l’argent que les Normands
ont donné, pour exempter pendant cét
Hyuer leur Prouince, de gens de guerre & de
troupes ennemies. Tout Paris n’espere que du
mal de cette retraitte, & tout Paris attendoit du
bien de cét esloignement. La consternation est
est vniuerselle dans les esprits : nous vous voyons
MESSIEVRS, dans vne indifference pour nostre
salut, quoy que nous ayons honnoré vos armes
auec des applaudissemens incroyables, lors
qu’elles ont triomphé de vos ennemis ; qui sont
aussi les nostres, puis que nous sommes interessez
dans vostre conseruation.

Toutes les Villes qui sont autour de la nostre,
sont pleines de garnisõs Mazarines, qui nous empeschent
les viures, & qui nous feront bien-tost
mourir de faim, si vous ne les en chassez promptement.
Il est certain que la Cour ne les en veut
point retirer ; & que quand il se feroit vne Paix
Italienne, elle les conseruera dans leurs postes
iusques au retour du Mazarin, apres lequel, la Paix
Italienne deuiendra vne Guerre Italienne, c’est à
dire, que la famine & la necessité nous obligeront
à vn desespoir horrible : & cette diuision
vous perdra, MESSIEVRS, aussi-bien que
nous. Demandez donc au Roy qu’il retire ses
troupes de Corbeil, Lagny, Pontoise, Meulan,