Anonyme [1649 [?]], DIVERSES PIECES DE CE QVI S’EST PASSÉ A S. GERMAIN EN LAYE, Le vingt-troisiéme Ianvier 1649. & suiuans. , françaisRéférence RIM : M0_1160. Cote locale : A_1_5.
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Ie m’assure que plus des deux tiers d’entre nous ont horreur de
nostre rebellion, & des cruautez qu’on nous contraint d’exercer
cõtre nous mesme, Qui est celuy qui se peut vanter d’avoir quelque
chose de propre ? Tout est à vous, Messieurs, qui nous tenez
le pied sur la gorge, & qui prenez nostre bien ; nous voila enfin
dans vos fers, nous n’avons pû supporter des charges ordinaires
establies depuis quinze ou vingt années, & nous souffrons aujourd’huy
qu’on nous mette tous à la faim, que nos petits enfans
courent risque de mourir à la mammelle de leurs meres, ne trouvant
plus que succer, & nous ne l’endurons pas seulement, nous
l’approuvons, nous le loüons, & croyons faire des merveilles :
Prenons courage (mes chers Compatriotes) obligeons le Parlement
à obeïr au Roy & à sortir de Paris, les gens de bien de la
Compagnie beniront vne si douce violence qui les affranchira
de la tyrannie des Factieux qui les entraisnent dans leurs detestables
resolutions.

Ie voy bien que vous estes de mon advis, mais que personne
n’ose encore s’en expliquer à son compagnon : Il y a quatre cens
mille homme dans cette pauvre Ville, qui n’attendent que l’heure
de voir quelque bon François qui ait la generosité de se declarer
le premier pour se joindre aussi-tost à luy.

Si vous ne jugez pas qu’il soit encore seur de s’assembler en public
pour concerter la chose, que chacun en confere avec ses
amis en secret : Qui nous empesche apres allant à la garde ou
dans l’occasion de quelque sortie de prendre le chemin du Palais,
& de declarer à nos nouveaux Maistres, qu’il faut qu’eux & nous
reconnoissions l’ancien & le legitime, & qu’ils sortent de Paris.

Le Roy a eu la bonté de leur envoyer donner pleine seureté,
qu’il ne sera point touché à leurs personnes ny à leurs biens, sans
excepter mesme d’vne si grande grace les plus factieux & les plus
Criminels d’entr’eux : Persisteront ils apres cela à nous vouloir
encore enseuelir dans leurs ruines ? & s’ils le font le souffrirons-nous ?
Courage donc (mes braues Concitoyens) & n’attendons
pas les dernieres extremitez à prendre vne resolution qui sera
alors necessaire, mais sans merite aupres du Roy, parce qu’elle ne
dépendra plus de nostre volonté, & que nous y serons absolument
contraints.

Par cét écrit l’on peut iuger de l’intention qu’ont les Ennemis du Parlement.

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Anonyme [1649 [?]], DIVERSES PIECES DE CE QVI S’EST PASSÉ A S. GERMAIN EN LAYE, Le vingt-troisiéme Ianvier 1649. & suiuans. , françaisRéférence RIM : M0_1160. Cote locale : A_1_5.