Anonyme [1649], ADVIS D’VN BON PERE HERMITE, DONNĖ A VN AVTRE SVR LES MALHEVRS DV TEMPS. , françaisRéférence RIM : M0_501. Cote locale : A_2_25.
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exercices. De sorte que m’estant resolu de tenir ferme,
i’entendis vn second bruit plus grand que le premier,
& l’impatiance de ceux qui heurtoient se fit cognoistre
par des coups de pied qui eussent enfoncé ma porte,
si ie n’eusse couru leur ouurir. Ce fut lors veritablement
que ie me laissay aller à ma premiere opinion,
& que ie pris deux hommes pour deux demons,
tant à cause de leur mine que de leur langage.

 

C’estoient vn Allemand, & vn Polonois, qui mélant
fort peu de latin à beaucoup de leur langue maternelle,
& me parlant tous deux à la fois ne m’eussent
pas donné le loisir de leur respondre, quand mesme ie
les eusse entendus. Tout ce que ie pûs faire ce fut de
cognoistre que c’estoient des Estrangers. Vous sçauez,
mon frere, qu’ils sont tousiours les bien-venus
chez les François, & ie vous aduoüe que les voyant
fort mal vestus dans la rigueur de la saison ou nous
sommes, ie sentis vne tendresse que ie n’ay pas pour
les pauures de nostre pays. C’est en quoy ie recognois
que ie n’ay pas quitté le vieil Adam, & que i’ay moins
profité que vous dans les exercices de la solitude, puisque
ie sens encore cette foiblesse Françoise, qui nous
fait plus estimer, & mieux receuoir les estrangers que
nos compatriotes. Ce seroit vne curiosité trop affectée,
que de vouloir penetrer plus auant pour rechercher
la cause de cette maladie, qui a souuent failly à
nous estre mortelle. Mes deux hostes estoient blessez,
ce que ie connus tant par le sang qui auoit coulé
de leurs playes, que par leur propre declaration ; car
comme nous vismes que nous auions tous quelque

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