Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.
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l’Empereur Charles V. à François I. à leur entreueuë
au chasteau d’Amboise. Mais les troubles & guerres
ciuilles, de quelque costé qu’on les tourne & considere,
ne peuuent iamais estre vtiles à vn Estat ; Et c’est pour
quoy aussi vn Prince bien aduisé les fuira sur toutes
choses, & assoupira tousiours le plustost qu’il luy sera
possible ; premierement, parce que c’est vne chose contre
nature, de faire la guerre à ceux de son pays, & de
déchirer (pour ainsi dire) ses propres entrailles, ce qui
a fait dire au grand Homere,

 

 


Ceux là n’ont point d’amour, pour parens ny famille,
Qui aiment les malheurs d’vne guerre ciuille.

 

Homere
Iliad. 9.

Et en second lieu, parce qu’il s’affoiblit plus, & luy
& ses suiets en vn an, par ces guerres intestines, qu’il
ne peut s’affoiblir en trente ans par des guerres estrangeres :
& que celles-là son incomparablement plus dangereuses
& plus pernicieuses que celles-cy. Si la grandeur
& la puissance des Roys ne dependent que de l’opulence
& des richesses de leurs suiets : de grace que
peuuent-ils esperer les plongeans dans vne guerre ciuile,
sinon de deuenir, au bout du compte, les Roys de
pauures gueux : ou de ioüer mesme quelques-fois au Roy
dépoüillé. Ie ne parleray pas icy de l’Angleterre, cet exẽple
me fait trop d’horeur : Ie diray seulemẽt que tels Princes
sont ordinairement semblables à se Samson du liure
des Iuges, qui pour se venger des Philistins ses ennemis,
s’enseuelit auec eux sous vne mesme ruine. Mais quand
il n’y auroit point d’autre raison pour destourner les Princes
de ces guerres funestes, que parce qu’ils font souffrir
iniustement vne infinité de pauures innocens, pour
punir seulement quelque peu de coupables, ou qu’ils
estiment tels : Ne seroit-ce pas assez pour les retenir, &
les faire plustost pencher vers la clemence ? Il y a plaisir à
voir sur ce suiet la harangue memorable que les Deputez
du Senat Romain firent à Martius Coriolanus, lors
qu’il tenoit la ville de Rome, assiegée par l’armée des

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Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.