Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : C_3_49.
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plusieurs ont eu quelque soupçon que la paix que
vous nous auez donnée ne seroit pas de si longue durée
que l’on se persuadoit. I’aduoüe que cette defiance mesme
est criminelle : mais quoy ? ils montrent quelle n’est
pas sans fondement. En effet, Monseigneur, quelles
cruautez n’a t’on pas exercées, depuis la paix faite, dans
le Maine, dans la Champagne, dans l’Anjou, dans la
Normandie, dans la Picardie, & dans toutes les autres
Prouinces ? Ie frissonne d’horreur, quand i’y pense seulement,
ouurir des femmes grosses, tirer le fruict de leur
ventre, y mettre des chats au lieu, & les enfermer là dedans,
si il est vray comme on le dit, y a-t’il des Phalaris,
des Scinis & des Procultes, qui se soient iamais aduisez
de cruautez pareilles ? lier les hommes nuds, leur attacher
des chats au col, & fesser ses chats iusques à ce
qu’ils ayent de rage, déchiré ces pauures malheureux,
y a-t’il au monde barbarie semblable ? traitter les Prestres
& les Religieux plus indignement que des chiens, les
escorcher tous vifs, faire seruir leurs testes de buts, voller,
violer, fouler aux pieds la sainte Hostie, & la vouloir
faire manger à des bestes, sont-ce pas des actions
que l’on tiendra pour fables dans les siecles futurs ; Et
neantmoins, Monseigneur, c’est ce qui s’est fait par
toute la France, depuis que vous auez donné la paix aux
parisiens. Or que peut-on conclure de là, ie vous prie ?
de voir courir les soldats par les Prouinces, sans aucun
ordre, voir arriuer des trouppes estranges de tous costez,
voir leuer & emprunter de l’argent de toutes parts, voir
se saisir des places les plus importantes des Prouinces,
donner les gouuernemens à nouuelles creatures, tascher
par des mariages faits à plaisir de desvnir les Princes
qui ont assisté les Parisiens, ne sont-ce pas là de grands
indices que l’on veut encore broüiller ? Vous auez plus
d’interest qu’aucun autre, Monseigneur, d’y prendre
bien garde ; ne croyez pas, quoy que l’on aye fait tres-mal
traiter les prouinces, ensuittes quelles se sont declarées
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Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : C_3_49.