Scudéry, [?] de [signé] [1643], L’OMBRE DV GRAND ARMAND. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_5.
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Ie termine mes iours par ma plus grande année :
L’Ebre estant effroyé, se cache en ses roseaux,
Voit nostre Camp vainqueur, presques tarir ses eaux,
Et l’Espagne honteuse autant qu’espouuentée,
Voit dedans Perpignan nostre Enseigne plantée :
Voit vn Roy qui iamais n’a trouué de pareils
Triompher par son bras, qu’assistent mes conseils.
Ie laisse tant de Forts, ie laisse tant de Places,
Qui de mes grands proiets font voir encor les traces,
Tant de Generaux pris, tant d’exploits genereux,
Sur la terre & sur l’onde, esgallement heureux.
Si ma fin eust esté plus loing de ma naissance,
L’Aigle estoit desia preste à reuoller en France,
Aportant à son bec, par mes illustres faicts,
Vne branche d’oliue, & l’Empire, & la paix.

 

 


Voila de vos Pasquins les causes legitimes,
Voila ce que i’ay fait, ingrats, voila mes crimes :
Mon Roy les a connus, l’Estat les sçait aussi,
Voyez donc l’vn & l’autre, & ce qu’on fait icy.
Par des pleurs genereux, ce Prince me regrette,
L’on voit de tout Paris l’humilité discrette,
Et par vn tesmoignage & grand & non suspect,
Aucun de mon Palais n’approche sans respect.
Pour laisser aux Neueux mes vertus en exemples,
Vne Pompe funebre au plus grand de nos Temples,
Honnore ma memoire, & la Iustice en deuil,
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Scudéry, [?] de [signé] [1643], L’OMBRE DV GRAND ARMAND. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_5.