Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : A_9_9.
22 Mars.
Ce iour on sçeut qu’à S. Germain On auoit fait accueil humain Aux Deputez de Normandie, Qui pour chasser la maladie Dont nous estions tous menacez, Y venoient comme interessez Pour deliberer du remede ; Que le bon Dieu leur soit en aide.
Le Mercredy, l’on sçeust qu’Erlac Estoit clos & coy dans Brissac, Quoy qu’on nous voulust faire entẽdre Qu’il venoit nous reduire en cendre. L’on sçeust que Normands Deputez S’estoient tous bien fort aheurtez A l’enuoy de son Eminence, Et l’on nous donnoit asseurance Qu’ils ne despliroient leur cahier Qu’ils n’eust vn pied dans l’estrier. Mais s’il est vray qu’ils le promirent. Ces Normans apres se desdirent, Et certes autant à propos Qu’il se peut pour nostre repos : Car qu’on renuoyast pour leur plaire Vn ministre si necessaire Comme Monsieur le Cardinal ; Quelque sot se fut fait du mal, Et plus sot qui l’auroit pû croire Qu’vn Prince jaloux de sa gloire Eut deffait ce qu’il auoit fait En vn fauory si parfait, Pour quelque courtaut de boutique Qui n’aimoit pas sa politique. Aussi les Deputez Normans S’ils auoient fait quelques sermens De ne desplier point leur Roolle, Ne garderent pas leur parolle, Et cette fois manquant de foy Seruirent la France & leur Roy.
Ce mesme iour. Fut dit en ville Que le grand Duc de Longueville Auoit pour assieger Harfleur Fait partir sous vn chef de Cœur Des trouppes dés le dix-septiesme : Et que ce chef le dix-neufviesme Par vn tambour nommé la Fleur Fit sommer la ville d’Harfleur, Qui luy dit vostre fille Heleine ; Ie suis seruante de la Reine. Mais quatre pieces de canon Luy firent bien-tost dire non ; Car plus deffaitte qu’vn Cadavre Ayant dépesché vers le Havre Dont chacun sçait qu’elle depend, Pour venir estre son garand (C’estoient les termes de sa lettre) Ce Gouuerneur se voulut mettre En deuoir de la secourir Et pour l’empescher de perir Détacha deux cens cinquante hõmes Qui venoient en mangeans des põmes, Quand sur le chemin ces mangeans Treuuent vn party de nos gens : La peur saisit ces miserables Qui fuyrent comme des beaux diables, Nul ne regardant apres soy. Enfin ils eurent tant d’effroy Que quand dans le Havre ils entrerent Les huict heures du soir frapperent Bien que partis au chant du coq, Et que Harfleur qui nous est hoc, Du Havre fust à demie lieuë, Mais la peur qu’ils auoient en queuë Leurs fit oublier le chemin, Tellement que le lendemain Harfleur nous fit ouurir la porte. La garnison n’estant pas forte
Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : A_9_9. |