Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
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Que vostre interpretation
A couuert de confusion,
Ce priuilege raisonnable,
Le seul recours d’vn miserable,
De n’estre qu’vn iour en prison
Par tyrannie & sans raison,
Et par vne prompte audience
Pouuoir monstrer son innocence :
Que ce priuilege si doux,
Qui ne sera mesbuy pour vous,
Vous eut vn an apres fait faute :
Vous cõtiez bien lors sans vostre hoste.
Mais trefue de moralitez,
Reuenons à nos deputez,
Qui dés que dans la Conference
Ils eurent veu son Eminence,
La regardans à plusieurs fois,
Firent le signe de la croix,
Esbahis de reuoir vn homme
Qu’ils croyoient de retour à Rome,
Et dont les François quelque iour
Auroient regretté le retour.
Mais cependant pour la grimace,
Et pour plaire à la populace
On le pria de s’en aller
Auant qu’on se mist à parler.

 

5. Mars.

Mr le
Prince
contesta
contre
l’article
qui perte
que
tout prisonnier
sera interrogés
dans les
4 heures.

 


Le Dimanche ie vis vn homme
Qui disoit que vers Bray sur Somme
L’Archiduc auoit déja beu,
Et que vers Guise on auoit veu
Voltiger des trouppes d’Espagne :
Que le Duc Charles en Champagne
Prés d’Auennes se pourmenoit,
Et forces trouppes qu’il menoit.

 

7. Mars.

 


Lvndy qu’il estoit inutile
Le Regiment de nostre Ville,
Leué non sans beaucoup de frais
En vn temps qu’on faisoit la paix,
Ioignit l’armée à Ville-Iuifue,
Qui de loin luy criant Qui viue,
Il creut qu’il estoit déja mort,
Et demanda quartier d’abord,
Il estoit fait de Iansenistes,
D’illuminez & d’arnaudistes,
Qui tous en cette occasion
Requeroient la confession
Dont ils auoient blasmé l’vsage :
Iouys vn de ce bauaudage
Qui demandoit à Dieu tour bas
La grace qu’il ne croyoit pas.

 

8. Mars.

Mõsieur
le Duc
de [1 lettre ill.]nynes
l’an
seniste
en estoit
Mestre
de Cãp.

 


Ce iour la Cour tira de peine
Le grand Mareschal de Turenne
Tenu coupable à Sainct Garmain.
Pour n’auoir pas presté la main
A la ruine de la Fronde,
(C’est comme parloit tout le monde
Du party pretendu Royal)
On disoit de ce Mareschal
Que pour nostre Ville affamée
Il auoit offert son armée.
Nostre Parlement l’accepta,
Et dés ce iour mesme arresta
Que declaration & Bulle,
Toute sentence seroit nulle,
Et tout Arrest fait contre luy :
Ordonnant que dés auiourd’huy
Il reuint s’il pouuoit en France :
Et de plus pour la subsistance
Que cent mille escus il prendroit
Ez receptes qu’il trouueroit.

 

 


Le Mardy la Cour estonnée
Sur la remonstrance donnée
Par le Procureur General
Que quelqu’vn du party Royal
Fist deliurer l’autre semaine
Sous l’authorité de la Reine
Des commissions à certains,
Aux Damillis, aux Lauerdins,
Aux Gallerandes, aux Courcelles,
De leuer des trouppes nouuelles.
Ausquels & tous autres deffend
Haute & puissante Cour qui pend
Ceux qui sa volonté violent,
Que plus de soldats ils n’enrollent,
Sans vn Royal commandement
Approuué par le Parlement,
Defense à toute ame guerriere,
Gentil homme ou bien roturiere,
De prendre employ ny s’enroller,
Sur peine de degringoler
Du haut de Noblesse en roture,
Et de roture en sepulture.
Veut les villes & les bourgs
Courent dessus eux comme à l’Ours,
Qu’ils s’assemblent à son de cloche,
Qu’à pied, qu’à cheual, ou par coche
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Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.