Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
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Et qu’on a veu ioüer deux fois
A coupe-teste auec leurs Roys ;
Daignez nous dire la lignée.
Qu’a vostre femme si bien née
Et fille de Henry le Grand
Vous laissates lors quand & quand.
N’est ce pas six, dont la plus grande
Se tient à la Haye en Hollande,
Le Prince de Galles Laisné,
Qui dans l’Escosse est couronné,
Le Duc d’York & sa cadetre,
Qui dans Paris font leur retraitte ;
Deux autres qui chez les Anglois
Soûpirent depuis plusieurs mois.

 

 


Le Mardy pour leur asseurance
Nos Deputez à l’Audience ;
Reçeurent des passe-par-tous.

 

23 Fev.

 


Mercredy vingt & quatre tous
Messieurs assemblez appellerent
Les noms de ceux qu’ils deputerent.
Le Premier President Molé,
Apres lequel fut appellé
Monsieur le President de Mesme,
Viole de la chambre mesme :
En suite de ces trois fut hoc
Menardeau ; catinal, le coq,
Cumont, Palluau des Enquestes,
Auec le Fevre des Requestes.
Dans le cours Monsieur de Saintot.
Vint au deuant d’eux au grand trot
Auec ordre de les conduire,
Sans qu’il fut permis de leur nuire
Iusques au chasteau de Ruel ;
Ordre qui pourtant ne fut tel
Qu’est rangere cauallerie
N’eust l’audace & l’effronterie
De roder en monstrant les dents
Pres du char de nos Presidens.
En fin nostre Ambassade arriue,
Et l’on la soula comme griue
A Ruel, d’où le lendemain
Elle partit pour Sainct Germain.
Ce mesme iour sur l’asseurance
Que les Royaux en abondance
Par le pont de Gournay filoient,
Et que Bry sieger ils alloient,
(Lors pour le succez de nos armes
Nos chefs oyoiẽt Vespres aux carmes)
Où sçachans que les ennemis
Deuant Bry le siege auoient mis,
Ils sortirent de nostre ville
Ayant à leur suite vnze mille,
Tant caualiers que Fantassins,
Si vous demandez leurs desseins,
Les voicy. L’armée ennemie

 

24 Fev.

 


Estant ce iour-là dans la Brie,
Ils alloient d’vn autre costé ;
Et pour dire la verité,
Nos chefs dans ces derniers bagarres
Ne firent que ioüer aux barres,
Estiez vous deuers charenton ?
Nous vous cherchiõs deuers Meudon ;
Et si des deux parties le nostre
Rencontra quelquefois le vostre,
Où lion fit de petits combats,
Ce fut qu’on ne s’entendit pas,
Ce fut par malheur, ou beueue,
Par vne rencontre impreueue,
Par quelques Soldats trop vaillans,
Par des espions vn peu lents :
Par fois dans quelque caracole
Souuent contre vostre parole,
Et tousiours contre nos desseins,
Nous en sommes venus aux mains.
Mais pour cette sois nostre armée
Ne fut iamais plus animée,
Et vous fistes bien d’estre ailleurs
Pour éuiter de grands malheurs.
Or tresve de la raillerie,
Tandis que vous fustes en Brie,
Nos Generaux tenans les champs
Ce iour & les autres suiuans,
Donnerent temps à tout le monde
D’aller & de courre à la ronde,
Cercher infinité de grains,
Dont nos greniers furent si pleins,
Que i’en sçay plusieurs qui creuerent
Des quantitez qui s’y trouuerent.

 

 


Les iours suiuans furent vendus
Selon plusieurs Arrests rendus,
Les meubles de son Eminence,
Qui bien que pleine d’innocence,
Et qu’elle eust protesté d’abus,
Il n’en resta pourtant rien plus.

 

25. Fev.

 


Le Vendredy l’on a nouuelle,
Qui pour nous n’est bonne ny belle,
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Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.