Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
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Si qu’il conuint à nos Soudarts,
Enuironnez de toutes parts,
De faire vne retraitte honneste ;
Ce ne fut pas sans casser teste,
Et percer maints & maints boyaux
De maints & maints, & maints Royaux ;
Clanleu deuant qu’il deuint ombre,
En tua de sa main grand nombre,
Tant que lardé de plusieurs coups,
Ce braue prit congé de nous,
Et finit vaillamment sa vie
Par vne mort digne d’enuie ;
Ayant deuant mis par quartier
Vn qui luy presentoit quartier.
Charenton se rendit en suite,
La garnison se mit en fuite,
Qu’on taschoit de secourir, quand
Il fallut passer par Fescamp,
Ce qui n’estoit pas fort facille
A nos petits Messieurs de Ville.
Le iour que fut pris Charenton
Resuant en soy-mesme Gaston
Sur, l’importance de la perte
Qu à sa prise il auoit soufferte ;
Sur sa conqueste il raisonna,
Et par conseil l’abandonna,
Comme pour son trop d’estenduë
Ne pouuant estre defenduë.
Il sort & seulement il rompt
Le passage qui meine au pont.
Ce faict. Vos troupes defilees
Vers Nogent prirent leurs volees ;
Nogent sur Marne, que vos gens
Plus impiteux que des Sergens
Sur prirent, pillerent, bruslerent,
Et puis apres se retirerent.

 

 


Le Mercredy nostre support
Sortit de grand matin Beaufort :
Il auoit la puce à l’oreille,
Aussi ce iour fit il merueille ;
Car dés qu’à Charanton il fut,
L’ennemy soudain disparut,
Et luy presentant le derriere
Se retira sur la riuiere
Dans des moulins proche du pont,
Où nostre Prince actif & prompt
Ayant mandé l artillerie
Pour batre cette Infanterie,
Au nombre de deuz à trois cens,
Receut vn aduis plus pressant
Qui le fit denicher bien viste,
Car il sceut qu’auoit pris son giste
A Linas le fameux conuoy
Qu’Estampe enuoyoit par charroy.
Noirmoutier luy prestoit main forte
Mais pour vne plus seure escorte
La Mothe-Hodancourt & Beaufort,
C’estoit à qui courroit plus fort,
Estoient desia dessus la voye,
Quand vn aduis on leur enuoye
Que le Mareschal de Gramont
S’auançoit en pas de Gascon
Pour les couper sur leurs passages,
Nos Generaux prudens & sages
Vinrent en ordre martial
Receuoir ce grand Mareschal.
Qui monstra brauement la croupe
(Dit la chansson) auec sa troupe,
Bien qu’elle fust de cinq milliers,
Tant fantassins que caualiers :
Laissans tesmoins de sa disgrace
Plusieurs Officiers sur la place,
Entre lesquels il dit Adieu
Au braue colonel Noirlieu,
Qui sçauant au fait de la guerre
N’en fut pas moins porté par terre,
Quoy qu’armé comme vn Iacquemart,
Et malgré les ruses de l’art
S’abbatit en faisant vne esse
Dessous Beaufort, de qui l’addresse
Luy portal espee au gosier ;
Coup qui l’empescha de crier
Contre nostre guerre ciuile,
Et d’embrasser cet autre Achille,
Ce Beausort, dont l’illustre bras
Combloit de gloire son trespas :
Beaufort, dis-je, qui teste nue,
Sans armes que celle qui tue,
N’ayant qu’vn bufle sur le corps.
Affronta ce iour mille morts,
Les poussa, leur dit pis que pendre,
Sans qu’elles osassent le prendre,
Ce fut lors que nostre Bourgeois
Fut aux champs la seconde fois
Sur le bruit de cette rencontre :
Chacun d’eux fort zelé se montre,
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Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.