Questier, Mathurin, dit Fort-Lys [1649], SVITTE DV IOVRNAL POETIQVE DE LA GVERRE PARISIENNE. Dedié aux Conseruateurs du Roy, des Loix, & de la Patrie. Par M. Q. dit FORT-LYS. NEVFIESME SEPMAINE. , françaisRéférence RIM : M0_1763. Cote locale : C_4_38_09.
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L’vn voyant ses enfans n’a point de bien en l’ame,
L’autre se plaint au Ciel de voir pastir sa femme,
La femme se craint voir veufue de son mary
A cause qu’il n’est pas comme il estoit noutry ;
Les ieunes amoureux delaissent leurs Maistresses,
On ne sçait plus que c’est de mignardes carresses,
Les vnes font l’amour pour vn morceau de pain,
Les autres sont plus sages en endurant la faim.
On fait des charitez ; mais las ! si froidement,
Qu’il est bien mal-aysé d’en parler sagement ;
Et les Religieux qui faisoient quelque bien
Aux Pauures Mendians, ne leur donnent plus rien.
La Dame pour le pain ne veut point de seruante,
Ce qu’elle mesprisoit, autresfois, la contente ;
Elle mange des poix, auec que du harang ;
Elle ne cognoist plus le poisson de l’estang,
Languille, la Truitte, & mesme les Marées
De sa refection se trouuent separées ;
Le Bourgeois cependant se passe de bien peu,
Le bois est r’enchery on n’en met point au feu,
Que pour faire boüillir le pot ou la marmite ;
Car la sobrieté en ce temps on imite,
Et iamais ie n’ay veu de ma vie, ny mon âge,
A Paris celebrer si peu le mariage.
Ie sçay bien que l’on dit ; Lors qu’on aura la Paix,
Nous marierons nos filles à tel ou à tel ; mais
Tandis que nous serons accablez sous les armes ;
Il faut que nous trempions nostre pain dans les larmes.
Il ne faut point de jeux ; où loge la tristesse,
La Guerre n’est que trop en ce lieu nostre hostesse.

 

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Questier, Mathurin, dit Fort-Lys [1649], SVITTE DV IOVRNAL POETIQVE DE LA GVERRE PARISIENNE. Dedié aux Conseruateurs du Roy, des Loix, & de la Patrie. Par M. Q. dit FORT-LYS. NEVFIESME SEPMAINE. , françaisRéférence RIM : M0_1763. Cote locale : C_4_38_09.