Pontac,? de [signé] [1650], LES REMONSTRANCES DV PARLEMENT DE BORDEAVX, FAITES AV ROY ET A LA REYNE REGENTE, SVIVANT LA COPPIE PRESENTEE au Parlement de Paris par Messieurs de Gourgue President, Monjon, Guyonnet & Voisin, Conseillers & Deputez du Parlement de Bordeaux, le 3. Septembre 1650. , françaisRéférence RIM : M0_3338. Cote locale : D_1_23.
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miseres, il auoit estendu ses rauages par tout, Monsieur de la Meilleraye
a aidé aussi à nostre calamité, il y a desia trois mois qu’il a fermé
le passage de la Dordogne, qui est l’autre riuiere qui fournit la
subsistance à cette ville, il a rauagé par des contributions la subsistance
de tous les peuples d’où les possessions respondent à la Dordogne
ou aboutissent à ses riuages. Les priuileges arccordez par les
Ordonnances aux Officiers des Cours Souueraines ont esté violez
par les logemens des gens de guerre qui ne les ont non plus espargnez
que les moindres de la lie du peuple, ausquels on n’a rien laissé,
les pauures païsans mesmes ont souffert des pertes, parce que
l’auarice qui cherche de grands gains ne mesprise pas les petits. Ainsi
quoy qu’on puisse desguiser à Vostre Majesté, SIRE, & aux autres
Prouinces du Royaume, censurant nostre conduite, & imputant
à crime la calamité qu’on nous cause ; c’est tousiours, SIRE,
vostre patrimoine qu’on ruine, ce sont vos subjets qu’on esgorge, ce
sont vos edifices qu’on destruit, vostre sang qu’on verse, & vostre
substance qu’on espuise : & vn iour V. M. croyant dans vn aage plus
aduancé trouuer des villes & des hommes, ne trouuera que des deserts.
Et ce sera le Duc d’Espernon qui aura commencé cette solitude
par l’appuy de Monsieur le Cardinal qui l’acheue auiourd’huy au
nom de Vostre Majesté, qui a tousiours authorisé tout ce qui nous
peut outrager, qui a conduit Vostre Majesté dans la Prouince pour
vous faire spectateur de la ruïne de vos peuples, pour rendre nos
miseres venerables & nostre souffrance necessaire.

 

SIRE, nous auions porté aux pieds de Vostre Majesté à Libourne
le veritable sacrifice de nos cœurs, & de l’inuiolable fidelité de
tous les habitans de cette ville, nos Deputez furent persuadez qu’ils
auoient esté agreez, & ayant destalé à leur retour le fauorable accueil
dont ils auoient esté honorez, nous commencions desia d’estre
pressez par nos souhaits de voir Vostre Majesté dans nos murailles,
pour receuoir par sa presence vn bien, qui comme la lumiere ne partage
point les esprits de satisfaction & de douleur, mais qui fait des
adorateurs par tout, & qui donne à ceux qui la possedent en la
voyant, vne felicité sans enuie : les nuages de ces soupçons mortels
qui affligent les peuples estoient presque dissipez ; on auoit
desia publie dans la ville, & les Chambres assemblées, ces propositions

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Pontac,? de [signé] [1650], LES REMONSTRANCES DV PARLEMENT DE BORDEAVX, FAITES AV ROY ET A LA REYNE REGENTE, SVIVANT LA COPPIE PRESENTEE au Parlement de Paris par Messieurs de Gourgue President, Monjon, Guyonnet & Voisin, Conseillers & Deputez du Parlement de Bordeaux, le 3. Septembre 1650. , françaisRéférence RIM : M0_3338. Cote locale : D_1_23.