M. L. [1649], LE BOVCLIER ET L’ESPÉE DV PARLEMENT ET DES GENERAVX, CONTRE LES CALOMNIATEVRS. , françaisRéférence RIM : M0_599. Cote locale : A_3_17.
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donne librement le repos, les biens & la vie.

 

Si ceux qui n’ont pû conceuoir de si hardie &
de si genereuse pensée faisoient vne iuste reflection
sur le depart de nos Generaux, & sur leur indigne
attachement, ils verroient quels d’eux tous ont demeuré
plus proches du Roy ; & quelle difference il
y a de l’auoir tousiours deuant les yeux, ou de le
porter tousiours dedans l’ame. Ceux qui voyent les
choses dans leur vray iour, iugent facilement quel
aduantage nos Generaux ont remporté sur ceux
qui pour la personne du Roy ont eu vn attachement
opiniastre ; Et sans doute qu’vn iour le
Roy luy-mesme cognoistra qui d’eux tous l’a le
mieux suiuy.

L’amour le plus pur & le plus sublime, n’est pas
celuy-là qui nous donne pour la presence de la
chose aimée vne ardeur aueugle, & vne passion
ignorante. Il nous pousse plus loin, & nous esleue
plus haut qu’à l’objet des yeux ; Il commande à l’esprit,
& le faisant agir à sa façon accoustumée il
nous donne des mouuemens plus spirituels. Ainsi
de l’objet des sens il nous conduit à sa gloire, qui
est l’objet de l’ame ; & pour celuy-cy quand il est
besoin il nous fait abandonner celuy-là.

C’est cette passion qui arrachea nos Generaux
d’aupres de la personne de nostre Monarque. Le
soin de son salut, de son honneur & de la reputation
de sa Monarchie, eust plus de pouuoir sur eux

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M. L. [1649], LE BOVCLIER ET L’ESPÉE DV PARLEMENT ET DES GENERAVX, CONTRE LES CALOMNIATEVRS. , françaisRéférence RIM : M0_599. Cote locale : A_3_17.